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Photo du rédacteurMarc THOMAS

2-Qui est le Dieu Créateur ?

Il était une fois des Paradis... 2/5

Dans l’émission précédente, en relisant le livre de la Genèse, nous évoquions ce paradis idyllique où Dieu crée des créateurs, il crée des êtres interdépendants, il crée des hommes et des femmes libres, libres de choisir leurs postures et responsables de leurs actes.


Nous évoquions aussi le fait que, dès leur origine, l’homme et la femme détournent une création foisonnante de vie pour tous en se laissant attirer par le désir de tout s’approprier à leur propre profit et de prendre le pouvoir sur le monde.


Qui est donc ce Dieu créateur ? et comment réagit-il quand les humains utilisent leur liberté pour tout s’approprier à leur propre profit et de prendre le pouvoir sur le monde ? Nous continuons ici à lire les trois premiers chapitres du livre de la Genèse et à ouvrir quelques pistes


Nous associons souvent Dieu à celui qui envoie les malheurs et les catastrophes, et nous disons : « Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour que ça m’arrive ? »


DIEU FAIT SORTIR DU CHAOS ET DE LA CONFUSION


« Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux. » (Gn 1,1)


Face au chaos, à l’informe et au vide, Dieu crée.


Cinq fois, les premières lignes de la Genèse disent que Dieu « sépare » : il sépare la lumière des ténèbres, il sépare les eaux qui submergent, il sépare la terre et la mer, il sépare le jour et la nuit : en séparant Dieu remet de l’ordre dans le chaos et fais sortir de la confusion.


DIEU LE VIVIFIANT


Les premières lignes de la Genèse répètent : « produisent », « foisonnent », « à profusion », « soyez féconds », « multipliez vous » : Dieu c’est la vie à foison, à profusion.


Luc dira dans l’Evangile : « Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. » (Luc 20, 38).


Cesserons nous un jour de dire que rencontrerons Dieu après notre mort, alors qu’il est la vie que nous expérimentons en nous aujourd’hui et dans tout ce qui donne vie ou restaure la vie sur cette planète de la création ?


Cesserons nous de l’implorer et de multiplier les sacrifices pour obtenir ses grâces, alors qu’elles coulent de source en permanence et que nous n’avons pas à les demander mais seulement à en rendre grâce et à les faire fructifier?


UN DIEU QUI PARLE ET FAIT CE QU’IL DIT


Nous pensons souvent que Dieu nous manipule comme des marionnettes et selon son bon plaisir, ou qu’il serait comme un magicien avec sa baguette magique, ou encore comme un Père Noël accompagné d’un Père fouettard qui distribuerait récompenses et punitions selon nos actes…


Neuf fois dans le premier chapitre de la Genèse se trouve l’expression « Dieu dit », et chaque fois, sa parole fait surgir la vie. Dieu fait ce qu’il dit. Loin de tous les baratins des bonimenteurs ou de ceux qui vous disent « ne t’inquiète pas ça ira mieux », sa parole est efficace et ses mots produisent de la lumière, de la vie, des créatures. Sa parole peut même transformer la glaise en être humain.


Cesserons nous dans nos prières de réciter des formules ou de chanter des chansons en permanence, pour nous mettre enfin à l’écoute d’un Dieu qui ne nous demande qu’une chose : de l’écouter pour que sa parole crée la vie en nous.


Mais vous me direz comment parle-t-il ? Prenez un jour un poème, un texte d’Evangile, un psaume. Ne cherchez pas à comprendre avec votre tête. N’attendez pas qu’un autre vous dise ce qu’il faut comprendre ou penser. Soyez seulement attentif à un mot, à une phrase, à une image qui vous parle, qui vous parle au cœur… C’est ainsi que Dieu vous parle…


Ou encore : rappelez vous une rencontre, un visage, une parole entendue, un regard accueilli qui vous a fait tant de bien, où vous vous êtes senti rejoint, apaisé, libéré… C’est ainsi que Dieu vous parle…


DIEU DÉLICAT QUI PROTÈGE


L’homme et la femme nus

Au paradis du Jardin d’Eden, « l’homme et sa femme, étaient nus, et ils n’en éprouvaient aucune honte l’un devant l’autre. » (Gn 2, 25).

Lorsque l’homme et la femme cherchent à devenir maîtres du monde et à s’approprier le monde à leur seul profit, aussitôt « leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils se rendirent compte qu’ils étaient nus » (Gn 3, 7) Alors ils ont honte et se cachent, ayant peur de Dieu.


Quand je me fais Dieu et que j’utilise la création pour mon seul profit, alors tout, y compris le corps de l’autre, devient objet de satisfaction de mon plaisir. Et la liberté naturiste du paradis devient honte et nécessité de se cacher. Se cacher, c’est aussi ne plus pouvoir regarder l’autre en face parce que la honte me dévalorise.


Comme Adam et Eve, nous avons honte et nous nous cachons. Ou bien nous allons nous confesser comme on va au tribunal quand on est accusé, en nous demandant comment Dieu va nous faire payer ça.


Dans une conception moraliste, on pourrait imaginer que Dieu va culpabiliser et punir encore la nudité d’Adam et Eve. Or nous lisons ceci dans la Genèse : « Le Seigneur Dieu fit à l’homme et à sa femme des tuniques de peau et les en revêtit. » (Gn 3, 21). Je mets cette phrase en lien avec celle du père de l’enfant prodigue qui revenait d’une vie de débauche :

« Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez lui une bague au doigt et des sandales aux pieds. » (Lc 15, 22).


Quand l’homme et la femme se retrouvent « à poil » dans la honte et la culpabilité, ayant perdu leur honneur, leur dignité… Quant, comme l’enfant prodigue, ils pensent « je ne mérite plus d’être appelé ton fils », Dieu est celui qui les revêt du vêtement de la dignité et de la restauration vivifiante et amoureuse.


Cesserons nous un jour de croire que l’essentiel dans la confession est de s’accuser de ses fautes ? Alors que l’essentiel est de s’entendre dire qu’à travers même mes fautes, Dieu m’aime, comme le Père de l’enfant prodigue était amoureusement sur le pas de sa porte à attendre et espérer son retour


Cesserons nous un jour de nous cacher et de nous enfoncer dans le silence de la honte ou de la détresse par peur d’être jugés ? Alors que, comme tout vrai père ou mère, et comme tout accompagnateur digne de ce nom, Dieu attend que tu l’appelles pour te réconforter et te sortir de ta misère…


EST-CE QUE DIEU PUNIT ?


Quand on lit les 3 premiers chapitres de la Genèse, certaines phrases donnent à penser que Dieu punit, et qu’il encourage l’homme à dominer la planète et aussi à dominer la femme.


Certains utilisent cela pour discréditer le langage religieux ou au contraire pour justifier leur propre domination. Une autre interprétation me semble plus juste : les textes du 8ème siècle avant Jésus Christ comme la Genèse sont des textes marqués par la culture de l’époque où l’homme avait droit de vie ou de mort sur sa femme. Les écrivains de l’époque ne pouvaient pas avoir nos référents d’aujourd’hui.


Dans le livre de la Genèse, ce qui est décrit comme punition de Dieu n’est que la description de l’expérience des hommes de toutes les époques face aux difficultés, aux épreuves et aux souffrances de la vie quotidienne. Chacun les interprète dans sa culture, ici comme une punition de Dieu, alors que nous pouvons les lire aujourd’hui, dans notre culture, comme les conséquences de la responsabilité de l’homme dans les actes qu’il pose.


La punition est une invention de l’homme quand ses congénères refusent son autorité. t quand l’homme se sent en faute, il s’imagine que ses supérieurs, et donc aussi Dieu, vont le punir. C’est ce que croyaient les auteurs du livre de la Genèse présentant un Dieu qui punit l’homme et le chasse du paradis. Ces auteurs vivaient plusieurs centaines d’années avant Jésus Christ, et ne s’imaginaient pas encore un Dieu tellement amoureux qu’il vient donner sa vie pour sauver les pécheurs.


Ce qu’il faut chercher dans les textes bibliques, c’est ce qui nouveau, ce qui décale de la culture de l’époque. Par exemple : la femme sort du côté de l’homme signifie qu’elle est de la même nature que l’homme, qu’ils sont égaux et que leur relation ne s’enracine ni dans les pieds qui écrasent, ni dans la tête qui commande, mais dans le côté du cœur qui aime à égalité.


Dans la Genèse, il y a du nouveau : l’homme fait de la terre est pourtant l’image et l’icône de Dieu, son souffle de vie est le souffle divin : « le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant. » (Gn 2, 7).


Dès le paradis terrestre, Dieu donne une mission positive aux humains : « Dieu prit l’homme et le conduisit dans le jardin d’Éden pour qu’il le travaille et le garde » (Gn 2, 15).


La seule attitude du vrai Dieu est celle qui revient en boucle et en refrain permanent

dans le récit de création de la Genèse : « Et Dieu vit que cela était bon », « Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon » (Gn 1, 31)


La seule attitude de Dieu, ici comme pour le fils prodigue, est de respecter la liberté de l’homme, de le laisser assumer la responsabilité de ses choix, et finalement de restaurer l’être humain qui revient vers lui dans sa dignité d’image de Dieu, c’est-à-dire d’être vivant et vivifiant, au cœur de la famille humaine et donc d’un monde partagé.


C’est ce qu’il nous reste à découvrir et à déguster quand nous abandonnons définitivement la peur d’un Dieu qui punit pour découvrir un Dieu qui restaure, remets debout, re-suscite.


La prochaine émission nous permettra de nous interroger sur nous-mêmes : quand la vie est difficile, quand le monde est bousculé, quels paradis perdus ou illusoires recherchons nous ?


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