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6. Pardonner

De la haine à la libération...



Sixième étape dans ce cycle d’émissions à destination de toutes celles et tous ceux qui souhaitent changer, se transformer, s’améliorer, devenir enfin ce dont nous rêvons…Et pour les chrétiens en temps de Carême, voici un autre chemin de conversion…

 

Aujourd’hui, pardonner… « demande pardon ! »… « Je m’excuse »… « Je te pardonne »… Facile à dire. Mais est-ce si simple que cela ? La haine ou la rancœur peuvent-elles faire place à un vrai pardon ?



HAINE ou PARDON ?

 

Mon amie Peggy-Loup Garbal a écrit un livre intitulé « Vengeresses. Elle raconte l’histoire romancée de son enfance avec sa sœur jumelle, toutes les deux autistes, ballotées d’une famille d’accueil à l’autre et victimes de violences dans leur enfance. Le livre « Vengeresse » raconte le voyage entrepris pour se faire justice elles-mêmes et ce qu’elles vont faire de leur soif de vengeance.

 

 

L’auteur Peggy-Loup a écrit ceci sur Facebook, deux ans après la sortie de son livre :

 

On m'a demandé hier si j'étais moi-même vengeresse. Non ! La haine dévore l'énergie qui serait mieux employée ailleurs. La haine détruit, et pas seulement celui qui la reçoit, mais aussi celui qui la ressent.

 

Je suis heureuse aujourd'hui, et ce bonheur-là, je ne l'ai pas arraché à la haine, mais au pardon. Le pardon n'est ni une caution ni un oubli ; juste une libération.

 

Je préfère me concentrer à soulager ceux qui souffrent plutôt que haïr ceux qui blessent – ce sont parfois les mêmes. Répondre à la violence par la violence, c'est n'avoir rien appris.

La haine n'est pas dans ma nature, et je veux croire qu'elle n'est la nature de personne. Pourtant, on sombre plus facilement dans la haine que dans l'amour.

 

Je sais, j'enfonce des portes ouvertes. Mais certaines portes ressemblent à des fenêtres ; il faut les ouvrir pour laisser passer le souffle.

 

Peggy Loup GARBAL auteure de « Vengeresses ». Ed. Philippe Rey. 2023


 

Et seulement à la fin vient LE PARDON

 

Parmi les personnes que j’écoute, beaucoup me disent leurs difficultés à pardonner.


Souvent ces personnes ont été blessées…

  • Blessées par des paroles de mépris, de moquerie, d’accusation…

  • Blessées par des gestes violents, par des viols, du corps et du cÅ“ur…

  • Blessées par des ruptures, des trahisons, des abandons…

 

Et je les entends dire souvent : Je devrais pardonner, mais je n’y arrive pas. 

Et je leur réponds : C’est normal ! Et si vous y arriviez déjà je m’interrogerais sur la nature de ce pardon !

 

Car si vous commencez par le pardon, c’est normal que vous n’y arriviez pas ! En effet, quand vous avez une blessure physique à une jambe, que faites-vous d’abord ? Vous soignez votre blessure, vous la désinfectez et la protégez.

 

Ensuite seulement, vous allez regarder ce qui vous a blessé et éventuellement le déplacer pour que d’autres ne s’y blessent pas.

 

Vouloir pardonner d’abord, ça serait aller réparer ce qui vous a blessé en laissant votre sang couler de la plaie !

 

 

CHEMINER vers le pardon

 

Distinguer pour pouvoir pardonner

 

La violence et le bouleversement émotionnel risquent toujours de créer la confusion en mélangeant tout. Avant de pouvoir pardonner, j’ai besoin de prendre le temps de laisser retomber le bouleversement émotionnel pour pouvoir distinguer quatre pôles dans l’événement survenu :

  •  l’impact sur moi : impact physique, émotionnel, psychologique…

  • l’acte posé : parole, cri, insulte, jugement, geste, blessure physique, viol…

  • l’intention de celui qui a posé ce geste : volontaire, involontaire, pulsion, manipulation, influence addictive, colère, peur, maladresse, etc.

  • le contexte de l’altercation (qui n’est jamais une excuse) : le cadre, les règles, le climat relationnel, les causes extérieures, etc.

 

Quand je suis victime, pour pouvoir distinguer ces pôles, je commence toujours par prendre soin de moi et de l’impact sur moi. Ensuite je pourrai distinguer ce que ça m’a fait de l’événement lui-même : nommer l’acte violent et ses conséquences, sans le minimiser, et le dénoncer comme injuste et inacceptable s’il est avéré. Et seulement après je pourrai m’interroger sur l’intention de l’auteur et avoir le recul nécessaire pour envisager, comme le fait la Justice, les circonstances aggravantes ou atténuantes.

 

Quand je suis auteur de la violence, je sortirai du cercle vicieux en commençant par reconnaître ma responsabilité dans les actes posés, en interrogeant ensuite mon intention,

ce qui m’y a conduit, sans me contenter de rejeter la faute sur l’autre. C’est bien moi qui ait posé l’acte et qui n’ai pas pu m’en empêcher.


C’est seulement dans tout ce long processus qu’un vrai pardon devient possible.

 

Laisser disparaître la rancœur 

 

J’ai récemment fait cette expérience dans ma vie personnelle : j’ai pu enfin parler à une personne proche avec laquelle la relation était tendue depuis des années. Je gardais le souvenir de faits précis où j’avais eu le sentiment de ne pas exister pour elle, ou d’être dénigré dans ce que j’avais de plus précieux, ou encore d’être jugé dans tout ce que je faisais parce que cette personne n’y accordait aucun intérêt. Mes ressentis en ces circonstances m’avaient été confirmés par des témoins de ces différentes scènes.

 

Le dialogue entre nous était donc très difficile depuis longtemps, et chaque fois que je rencontrais cette personne, j’étais sur mes gardes, dans la méfiance, et je ruminais souvent en boucle ce qui s’était passé… Je lui en voulais toujours, et je ne pouvais pas envisager de lui pardonner ce qu’elle m’avait fait.

 

Enfin j’ai eu le courage de solliciter un dialogue avec cette personne, et elle l’a accepté. Chacun de nous a pu dire sa perception de notre relation difficile, chacun a pu nommer sa difficulté à comprendre l’autre, la souffrance intérieure et la tension relationnelle qui en émanaient. J’ai pu aussi oser ouvrir quelques pistes pour partager mes passions bien différentes de celles de cette personne, et elle a pu les entendre. Cela n’a pas suffi à tout régler dans notre relation, mais un chemin nouveau s’ouvrait…

 

Dans les 24h qui ont suivi, j’ai repensé aux événements et paroles qui m’avaient blessé : ils restaient évidemment injustes et inacceptables. Mais j’ai ressenti que je n’avais plus de rancœur, que j’étais libéré, non de ces événements, mais de ce qu’ils avaient déclenché en moi. Et je me suis senti libre et léger. Je venais de pardonner à cette personne sans excuser les actes posés. Je venais de me pardonner à moi-même d’être resté dans le cercle vicieux de la victime. Pour moi c’est ça le pardon. Non une notion morale à m’imposer. Mais une expérience libératrice et vivifiante qui change la relation.

 

Le pardon n’est pas centré sur l’autre mais sur moi :

ce n’est pas « je te pardonne », c’est : « je n’ai plus de rancœur »


 

 

ME LIBÉRER pour pouvoir pardonner

 

 

Pardonner quelqu’un ne veut pas dire pardonner son comportement. Ce n’est pas non plus oublier la façon dont il t’a blessé et encore moins le laisser te faire du mal.

 

Pardonner signifie faire la paix avec ce qui s’est passé. Cela signifie reconnaître ta blessure, en te donnant la permission de la ressentir et de comprendre que cette douleur ne te sert plus à présent.

 

Ça veut dire laisser aller la douleur et le ressentiment pour pouvoir guérir et avancer. Le pardon est un cadeau à toi-même. C’est une décision, TA décision… Il te libère du passé et te permet de vivre dans le temps présent.

 

Quand tu te pardonnes, quand tu pardonnes aux autres, tu deviens vraiment libre. Tu te détaches…

 

Pardonner signifie libérer un prisonnier et découvrir que ce prisonnier c’était toi.


 

Les chrétiens et LE PARDON

 

Certains chrétiens me diront que je n’ai pas parlé de Dieu dans cette émission et dans ce texte… J’ai envie de répondre à ceux-là : je n’ai pas cessé d’en parler !!!

En gardant en mémoire ce que je viens de dire, allez donc relire l’histoire de l’Enfant Prodigue, le chemin de retournement fait par cet enfant avant d’exprimer sa demande de pardon, regardez l’attitude accueillante de son père…

 

Allez relire l’histoire de la rencontre de Jésus avec Zachée qui permet à celui-ci de relire son histoire et de se retourner, de changer…

 

Allez relire tant d’autres histoires de l’Evangile, la hargne des religieux qui voulait condamner la femme adultère et l’accueil de Jésus…

 

 Et puis j’ajoute ceci : sur la Croix, Jésus a cette parole pour ses meurtriers : Père, pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. Je vous fais remarquer que Jésus lui ne pardonne pas, il ne peut pas encore pardonner tellement il est dans le drame, mais il demande à son Père de pardonner… Jésus, lui aussi vit les étapes et le processus du pardon…



Marc THOMAS

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