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Photo du rédacteurMarc THOMAS

A genoux ?



Pourquoi nous agenouiller devant Dieu

alors qu’il passe son temps à nous relever ?


Avez-vous déjà vu en enfant s’agenouiller devant son père ?

L’enfant saute dans ses bras, s’assoit sur ses genoux,

lui tire la manche pour qu’il vienne voir…

Et c’est le père lui s’agenouille devant son enfant

pour jouer avec lui, pour lui faire la courte échelle,

pour le soutenir et lui apprendre à marcher…

Papa je t’adore criera l’enfant !


Et pourquoi donc faudrait-il que l’enfant de Dieu

s’agenouille pour adorer Dieu son Père ?


Quand l’enfant prodigue de l’Evangile reconnaît sa faute,

il ne s’agenouille pas mais il se lève pour retourner vers son Père.

Celui-ci court se jeter à son cou et le couvrir de baisers.

le revêt du plus beau vêtement pour la grande fête de son retour !

Papa je t’adore pourrait dire l’enfant Prodigue !

Ainsi la vraie adoration !

Qui donc à eu intérêt à nous faire croire

qu’il faudrait continuer à s’agenouiller humblement

comme le font les païens devant un Dieu très grand

qui fait peur aux petits que nous serions ?

Qui a voulu confondre humilité et humiliation ?

A cause de cela, tant d’hommes et de femmes

ne voient plus l’Evangile comme une Bonne Nouvelle !

Seuls ceux qui cherchent à dominer et à écraser l’autre

devraient s’agenouiller, non pas devant Dieu,

mais devant leurs victimes !


Lisant le texte ci-dessus que j’avais écrit sur Facebook, Erika réagit :


Marc, pour toi, s’agenouiller veut dire s’écraser ? Pour moi, m’agenouiller et m’incliner, c’est dire toute ma reconnaissance devant cet Autre qui est plus grand que moi. Reconnaître ma vulnérabilité et faiblesse, mon humanité. En aucun cas, je ressens de l’écrasement, au contraire, je reçois tout l’Amour et cette conviction que j’ai du prix

En recevant tout cet Amour, je peux aller et me diriger vers les autres, donner et relever celui qui est tombé.

Quand tu es dans cette présence (ultime) de Dieu, et que tu l’entends au plus profond de toi, ton corps, ton âme et ton esprit ont ce mouvement naturel de s’incliner devant lui. Fais l’expérience


Merci Erika de ces mots forts et vrais. Je respecte tout à fait ta posture que je connais aussi par expérience. Tu apportes une dimension supplémentaire à mon propos d’aujourd’hui : en effet, dans l’Evangile, des hommes et des femmes malades ou se sentant coupables, se jettent aux pieds Jésus :


- Une femme grecque, d’origine syrophénicienne (Marc 7 : 24-30)

- Une femme qui était une pécheresse (Luc 7 : 36-50)

- Un homme qui avait des démons (Luc 8 : 26-39)

- Jaïrus, un chef de synagogue (Luc 8 : 40-56) - Marie (Luc 10 : 38-42 ; Jean 11 : 32 ; 12 : 3) - Un lépreux guéri (Luc 17 : 11-19)


Et là où l’entourage de Jésus dénonce souvent le péché et la faute, Jésus lui voit d’abord l’amour et l’appel au secours. Et il passe son temps à relever les personnes et à les remettre en route « Va, ta foi t’a sauvé ».


Si nous nous mettons à genoux, restons attentifs à notre posture intérieure : que ça ne soit pas pour nous culpabiliser ou pour nous faire tout petits, mais que ça soit toujours un appel à l’aide et un acte d’amour.


Je m'interroge aussi pour comprendre pourquoi en allant vers Dieu on met d'abord en avant notre vulnérabilité et notre faiblesse, comme tu l'écris Erika. Et pourquoi pas notre joie de marcher avec lui sur la route ? notre reconnaissance d'avoir des capacités pour vivre à son image et poursuivre son œuvre créatrice... Bref notre fierté d'être humain et notre gratitude de pouvoir aimer à son image. Bien sûr sans oublier nos erreurs nos échecs et nos faiblesses, mais sans les mettre en paravent.


S’agenouiller a conduit tellement de gens à avoir peur d'un Dieu qui punit, et tellement de manipulateurs à se servir de Dieu pour prêcher d'abord la pénitence, la culpabilité et la soumission... A tel point que la majorité des hommes ne voit plus en l'évangile une source d'amour et de salut. A tel point que beaucoup de chrétiens ont des pratiques expiatoires devant Dieu, plus que des pratiques de gratitude et d'amour partagé...


De plus, dans notre culture occidentale actuelle, se mettre à genoux, est souvent perçu comme se soumettre devant un puissant qui veut nous écraser. Combien d’hommes et de femmes, parfois des peuples entiers, sous le joug des dictateurs politiques, des chefs autoritaires dans nos entreprises, des assoiffés de pouvoir dans nos associations, des dominateurs violents dans nos familles.



A ceux-là s’applique la parole de Jésus aux Pharisiens et aux Docteurs de la loi :

Malheureux êtes-vous, parce que vous chargez les gens de fardeaux impossibles à porter, et vous, vous ne touchez même pas ces fardeaux d’un seul doigt. (Lc 11, 46)


Face à cela, relisons l’Evangile et annonçons-le, vivons-le : je pense à toutes ces scènes de l’Evangile où Jésus relève les hommes et invite à dire non à toutes les formes de domination :


- L’homme paralysé : lève-toi, prends ton brancard, et rentre dans ta maison (Mc 2, 11)

- Le malade de la piscine : lève-toi, prends ton brancard et marche ! (Jn 8, 5)

- L’aveugle au bord de la route : lève-toi, il t’appelle ! (Mc 10, 49)

- La fille de Jaïre : Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! (Mc 5, 41)

- Le samaritain lépreux guéri : Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. (Lc 17, 19)

- La prière du samaritain qui se croit juste et de l’humble publicain (Lc 18, 9-14)


Jusqu’à la Croix : élevé de terre j’attirerai tout à moi (Jn 12, 32).

Jusqu’à la Résurrection, la re-surrection, le re-lèvement, la re-mise debout…


Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. (Mt 11, 4-5)

Non seulement Dieu devient humain, mais Dieu nous rend humains : quand le monde est à genoux, il restaure notre humanité blessée. Dans un monde où l'on se plaint tout le temps de tout, regardons attentivement tout ce qui est humanisant, pour le promouvoir, pour en être les artisans et ainsi continuer la trace du passage de notre Dieu.


Le salut de Dieu est très concret : non pas l'ailleurs d'un paradis ouaté et fusionnel, mais l'aujourd'hui d'une humanité réelle et simple. C'est un constat et pas un rêve : L'homme est restauré, remis debout, l'homme est sain et sauf, guéri et libéré : tel est le salut de Dieu. La violence que nous voyons encore dans notre monde est la preuve que Dieu ne peut pas mettre en œuvre ce salut sans la participation active des hommes.


Enfin, pour terminer en apothéose…


Voici que c’est Dieu qui se met à genoux devant l’homme !

Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu (le Tout-Puissant), se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture. (Jn 13, 3-5)


Vous avez remarqué la solennité du début de la phrase : elle décrit la toute puissance et l’on s’attend à voir entrer un prince avec tambours et trompettes… Eh bien non ! Jésus renverse la signification habituelle de la toute-puissance : elle prend l’attitude du serviteur qui s’agenouille aux pieds de son maître ! Dieu tout puissant, c’est Dieu agenouillé devant l’homme pour le libérer et le sauver.


Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. (Jn 13, 13-14)


La vraie puissance de l’homme est de s’agenouiller devant ses frères et sœurs humains, non pour les humilier, mais pour les servir, les libérer et les sauver.

J’ai lu ceci quelque part sur Facebook : la seule raison juste de regarder quelqu’un de haut, c’est de se pencher vers lui pour le relever !


Moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert, dit Jésus (Lc 22, 27)


Alors continuons à prier à genoux si nous le souhaitons…

sans jamais oublier qu’il veut surtout nous relever

sans jamais oublier de s’agenouiller devant l’humanité en détresse

pour la servir et la remettre debout !



Marc THOMAS




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