Accéder à l'autonomie
Nous connaissons tous le manque, la frustration …
l’insatisfaction, la jalousie, la dévalorisation …
ou ce sentiment d’être inachevés et de ne pas réussir à décoller…
Et si tout cela pouvait se traiter et se soigner ?
Et s’il était encore temps d’accéder à l’autonomie ?
Naître, sortir du ventre… Merveilleuse naissance
venir au monde, et prendre visage dans le monde des humains…
venir à soi comme personne singulière et autonome…
venir à l’autre, offrir du bonheur à nos proches et devenir créateur de vie…
Naître, sortir du ventre… Difficile naissance
quitter le cocon fusionnel, couper le cordon pour vivre seul, séparé et distinct…
quitter le « tout-tout-de-suite » pour être confronté au manque…
quitter la vie sous perfusion et assistance pour apprendre à s’en sortir par soi-même…
Naître est une chose… mais comment naître à l’autonomie ?
Tant d’épreuves et de souffrances inconnues au ventre maternel
auxquelles je suis confronté dès les premières minutes de ma vie…
La manière dont les adultes qui m’entourent vont m’accompagner vers cette autonomie
sera déterminante pour ma vie adulte.
Et bien des adultes aujourd’hui souffrent du manque,
de la frustration et d’une autonomie impossible
parce qu’ils ont été perturbés dans l’apprentissage de l’autonomie.
En effet l’enfant à 4 étapes à franchir,
déterminantes
pour l’autonomie du futur adulte
Boris Cyrulnik écrit :
« Faire naître un enfant n’est pas suffisant,
il faut aussi le mettre au monde ».
1ère étape : pleurer, crier
J’ai faim, j’ai soif, j’ai froid, j’ai chaud, j’ai peur, j’ai mal, j’ai besoin, j’ai envie…
Alors le bébé pleure et crie le manque et le mal-être…
jusqu’à ce qu’une présence aimante et bienveillante vienne le nourrir et le protéger.
Première étape : pleurer et crier pour survivre !
Être nourri par l’autre, de pain et d’amour, être protégé par l’autre…
Certains n’ont pas eu la chance de bien vivre cette étape
et passeront leur vie à crier au moindre manque…
Pour sortir de cette impasse : aller chercher en nous nos ressources propres,
le bonheur de la dépendance de soi,
et de l’interdépendance de relations constructives.
2ème étape : demander, appeler au secours
J’ai faim, j’ai soif, j’ai froid, j’ai chaud, j’ai peur, j’ai mal, j’ai besoin, j’ai envie…
Alors le bébé appelle et demande par le regard, par les gestes, par le babil puis les mots…
découvrant petit-à-petit qu’il peut communiquer pour demander de l’aide
Deuxième étape : communiquer avec les proches, reconnaître les tuteurs de confiance,
et apprendre à parler pour dire mes besoins et demander leur satisfaction ! Quel progrès !
Certains n’ont pas eu la chance de bien vivre cette étape
et passeront leur vie à demander de l’assistance et à en rester dépendants !
Pour sortir de cette impasse:
apprendre à exprimer mes ressentis, mes besoins, mes pensées, mes opinions,
apprendre à communiquer dans la diversité des points de vue,
apprendre à demander dans l’interdépendance de relations constructives.
3ème étape : découvrir, s’approprier
J’ai faim, j’ai soif, j’ai froid, j’ai chaud, j’ai peur, j’ai mal, j’ai besoin, j’ai envie…
Alors le bébé va chercher ce dont il a besoin, à quatre pattes puis sur deux jambes
mettant à la bouche tout ce qu’il trouve sur son passage et se l’appropriant…
Progrès d’autonomie, d’aller découvrir le monde et chercher ce dont il a besoin,
prenant déjà le risque de se cogner, de casser ou de se faire du mal avec ce qu’il touche,
jusqu’à apprendre à se protéger, à respecter, à partager…
Certains n’ont pas eu la chance de bien vivre cette étape
et passeront leur vie à satisfaire leur seul plaisir,
ou à s’approprier ce qui ne leur appartient pas…
Pour sortir de cette impasse :
expérimenter le bonheur de la gratuité et de la gratitude :
découvrir et s’émerveiller sans s’approprier, désirer sans assouvir,
recevoir sans prendre, offrir sans imposer…
4ème étape : apprendre, créer
J’ai faim, j’ai soif, j’ai froid, j’ai chaud,
j’ai peur, j’ai mal, j’ai besoin, j’ai envie…
Alors le bébé va grandir et entrer dans les apprentissages :
habiter son imaginaire pour se repérer au cœur du monde…
jouer pour apprendre à se servir de toutes ses capacités et à canaliser ses énergies…
se faire des amis pour apprendre le partage, la coopération, la réconciliation, le pardon…
aller à l’école pour apprendre les outils nécessaires à son développement…
Jusqu’à sa pleine autonomie, capable de satisfaire lui-même à ses propres besoins
et d’apporter au monde en création permanente sa contribution spécifique…
Certains n’ont pas eu la chance de bien vivre cette étape
et passeront leur vie à s’éreinter sans résultat,
à se consoler dans des fuites addictives,
à se confronter à l’échec ou à écraser les autres…
Pour sortir de cette impasse :
rencontrer sur sa route un événement ou une personne
qui me permet de croire que tout est encore possible,
que l’erreur ou l’échec ne me condamnent pas mais m’appellent à d’autres choix,
que mes blessures peuvent être désinfectées et cicatrisées et devenir fécondes,
que des plantes sortent des interstices des murs,
et que seules nos fêlures laissent passer la lumière…
Marc THOMAS
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