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Photo du rédacteurMarc THOMAS

Assise 1: Retour aux sources

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Chers amis auditeurs, au moment où vous entendez cette émission, je suis sur les chemins d’Assise en Italie, dans cette région chaleureuse de l’Ombrie où François d’Assise est né, a grandi et a fait des choix radicaux au milieu des puissants de son temps pour construire une humanité de paix et revenir à l’Evangile.


FRANCOIS : UNE VIE PORTEUSE DE SENS

 

Je n’ai pas l’intention ici de faire une biographie complète de François d’Assise. Je souhaite plutôt vous partager ce qui m’a touché dans la vie de François, et ce qui a donné du sens à ma propre vie.

 

Trois mots résument pour moi les choix de vie de François :

  • simplicité d’un être voulant rester tout simplement humain avec ses capacités et ses limites, plutôt que se cacher derrière des masques pour paraître le meilleur…

  • fraternité universelle avec les humains comme avec la nature, plutôt que la domination et tous les combats pour prendre le pouvoir…

  • pauvreté choisie pour éviter les soifs insatiables de richesses et d’accaparement…

 

François naquit à Assise, probablement en 1181, et y mourut en 1226. Il grandit dans une famille noble d’Assise. Son père fait partie des plus riches de la région, par le développement du commerce de tissus venus d’Orient. L’Eglise de l’époque vit aussi dans l’opulence, s’appuyant sur ces familles riches et sur les Seigneurs de la féodalité…

 

François va se dénuder en public, rendre ses vêtements de riche à son père, pour aller rejoindre les petits, les pauvres, les estropiés qui quémandent pour sortir de leur misère. François d’Assise, c’est le retour à l’Evangile : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger… j’avais soif… j’étais nu… malade… prisonnier… et vous êtes venus jusqu’à moi… »



C’est dans ce contexte que François prie devant la croix de la chapelle de St Damien reproduite ici, une croix où le Christ protège de ses grands bras les petits et les pauvres. Et c’est dans cette contemplation que François entend l’invitation : « Va François, répare mon église qui tombe en ruine ».

 

Il comprend d’abord qu’il s’agit de réparer la chapelle et se met au travail avec les petits et les pauvres qui se rassemblent autour de lui.

 

Il comprendra plus tard qu’il ne s’agit plus seulement de réparer les murs d’une chapelle, mais de réparer l’Eglise pour lui permettre de revenir à l’Evangile.

 

A cette époque les Églises sont acoquinées aux pouvoirs des riches, des bien-pensants de la bonne société et des Seigneurs. François y fait entrer les petits et les estropiés de la vie.

 

A cette époque l’Eglise lance les Croisades pour aller faire la guerre aux musulmans et les exterminer. François part en voyage au pays des musulmans, il y rencontre le Sultan en lui disant qu’il est son frère.

 

Plus tard, François osera aller voir le Pape pour lui demander le soutien nécessaire pour construire une famille de frères différente des Congrégations religieuses de l’époque : elle n’aura pas de signes de richesse, pas de grands bâtiments, pas de dons des riches, mais elle vivra de simplicité, de fraternité, de pauvreté.

 

Plutôt que d’accumuler les ors, les richesses, les postures de pouvoir, François sera un amoureux de la nature : il parlera aux oiseaux, non comme un miracle extraordinaire, mais simplement comme le symbole fort d’un homme qui choisit de se positionner avec respect comme une créature parmi les autres.

 

François apprivoisera le loup qui faisait si peur aux habitants de Gubbio, non pas comme un miracle extraordinaire, mais simplement comme le symbole fort d’un désir de se libérer de la peur, la peur de perdre, la peur d’être agressé, et de choisir de traiter les peurs et les conflits par la fraternité plutôt que par la méfiance ou la menace.

 

François traverse les différentes périodes de sa vie dans la proximité tendre et pure avec Claire, elle aussi fille de riches d’Assise. Claire a rejoint François très vite. Entre Claire et François, une relation d’âme à âme, une sorte d’amour spirituel fort et intérieur, qui permettra à la rugosité masculine de François d’être assoupli par la douceur attentive et exigeante de Claire.

 

François sera lui-même confronté aux épreuves : épreuves physiques de la maladie, épreuves lorsque certains de ces frères le prendront pour un doux rêveur et feront un coup de force pour transformer l’ordre fraternel et pauvre des franciscains en une congrégation puissante voulant ressembler aux riches congrégations de l’époque et cherchant à imposer leur pouvoir.

 

C’est alors que François est presque aveugle, malade, et traverse une nuit spirituelle difficile qu’il écrit le magnifique Cantique des Créatures : sa simplicité, sa fraternité universelle, sa pauvreté lui permet de traverses l’épreuve dans la gratitude.

 

MON RETOUR AUX SOURCES

 

C’est tout cet esprit de la vie de François et de ses choix humains et évangéliques qui guident ma vie depuis bien longtemps.

 

Assise est mon lieu ressource, François d’Assise est une de mes racines principales. C’est pourquoi je retourne à Assise cette semaine, avec trois amis proches… Nous allons partager sur place nos découvertes, nos réactions, nos ressentis, nos prises de conscience, nos questionnements… et aussi une amitié sincère. Nous arriverons à Assise le lundi 14 octobre et nous en repartirons le samedi 19.

 

Cinq jours qui ne sont pas un pèlerinage centré sur un Saint qu’on admire, ni comme une multiplication de prières et de célébrations.

 

Cinq jours pour respirer cette ville d’Assise et la nature qui l’entoure, pour se laisser habiter de ces lieux imprégnés de l’esprit de François. Cinq jours comme un retour aux sources centré sur ce que ces lieux font résonner en nous.

Cinq jours vécus dans l’esprit de François, pour se réenraciner dans une qualité de vie humaine simple, fraternelle et sans prise de pouvoir au bon goût d’Évangile.

 

Dans les années 1985 jusqu’en 1993, quand j’étais prêtre dans un grand ensemble de la banlieue de Nancy en Lorraine, j’avais accompagné à Assise une dizaine de groupes de jeunes et d’adultes. Je vous en parlerai dans la prochaine émission.

 

En 2017, j’étais déjà retourné seul à Assise, 20 ans après avoir quitté le ministère de prêtre et m’être reconverti dans l’écoute, l’accompagnement, la formation à la qualité des relations humaines. Je suis retourné seul, dans ce lieu source, ressource et racine, pour relire là-bas le tsunami vécu dans mon changement de vie, et confronter ce que j’étais devenu depuis à l’esprit humain et évangélique de François.

 

Je m’y suis laissé guider et j’ai découvert avec intensité que je creusais le même sillon depuis toujours, sur des terrains différents certes, mais dans le même esprit : accompagner, écouter celles et ceux qui sont souvent des estropiés de la vie, traverser mes propres épreuves sans évitement, dans la simplicité décapante, avec le soutien fraternel des proches qui ont croisé ma route, confronté à la fois à la pauvreté de mes limites et de mes erreurs, et pourtant dans la gratitude pour le chemin parcouru.


J’ai retrouvé à Assise cet esprit d’authenticité et ma passion pour la médiation. J’ai retrouvé ma douleur devant le « chacun-pour-soi », les enjeux de pouvoir, l’exploitation de l’homme par l’homme et toutes les violences, même si je sais que je n’en suis pas moi-même exempt. J’ai retrouvé aussi ma priorité au respect, au dialogue, à la concertation, à la complémentarité.

 

Sept ans après, j’y retourne pour un nouveau ressourcement, cette fois-ci avec des amis qui sont comme des frères et sœurs.

 

Et dans cette démarche, je porte dans mon cœur toutes celles et ceux qui me sont devenus si chers depuis 7 ans, spécialement à la Réunion, mais aussi toutes celles et ceux qui m’ont accompagné à Assise depuis plus de 40 ans. Et aussi bien sûr vous tous qui m’écoutez sur les ondes de Radio Arc en Ciel ou sur les réseaux sociaux.


L’une des amies qui m’accompagne m’envoie le Cantique des Créatures de François d’Assise qu’elle va faire chanter dans sa paroisse. Voir l’image et le lien ci-dessous pour l’écouter. 


Aves les amis qui m’accompagnent, nous partagerons après notre retour,

un peu de ce qui va germer en nous et entre nous cette semaine.


 

Marc THOMAS




«La valse des créatures» Frère Jacques Jouët, Saint François d’Assise

(Cliquer sur l'image pour voir et écouter)


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