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Photo du rédacteurMarc THOMAS

Célébrer pour le monde

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Les célébrations chrétiennes ne sont pas d’abord des assemblées de convaincus qui célèbrent leur Dieu entre eux. Les chrétiens sont comme toutes les familles et toutes les sociétés : ils ont besoin de faire la fête pour donner du sens à la vie : nous célébrons en famille ou entre amis un anniversaire, une naissance, un amour, un deuil… Nous célébrons en France le 14 juillet parce nous sommes un peuple qui vit ensemble et qui affirme son identité… Bref les humains célèbrent parce qu’ils vivent… C’est ce que nous vivons qui nourrit la fête, et la fête vient donner du sens et de l’énergie à ce que nous vivons.

 

De même les célébrations chrétiennes n’ont pas de sens si on les coupe du reste de notre vie au cœur du monde. Elles viennent donner du sens et de l’énergie à notre vie quotidienne.

 

Ainsi les célébrations chrétiennes deviennent un message prophétique pour notre monde. Comme le dit la Constitution sur la liturgie du Concile Vatican II la liturgie « montre l’Église à ceux qui sont dehors comme un signal levé sur les nations ». Et ce signal est un signal de salut pour le monde des humains.

 

Est-ce bien cela que les chrétiens célèbrent dans les églises ?

Comment faire pour que, chaque fois que nous célébrons, nous nous sentions responsables d’être prophètes dans ce monde à la fois fracturé, déchiré, mais aussi dans ce monde plein de ressources, de techniques, de compétences et d’amour ?


Au cœur de ce monde, célébrer pour être des prophètes annonçant et montrant le salut, c’est-à-dire les chemins possibles pour réussir sa vie et pour vivre en paix.



Dans un monde de compétition,

de violence et de « chacun pour soi »…


L’assemblée qui célèbre proclame et manifeste

la primauté de la communion fraternelle 

 

Elle rassemble des femmes et des hommes,

des enfants, des jeunes et des adultes,

de toutes origines et de toutes convictions,

parfois même en désaccord les uns avec les autres…

 

Et tous se reconnaissent et se proclament

avant tout frères et sœurs,

à égalité de respect et de droits :

dans la célébration comme au quotidien

ils sont membres différents d’un seul Corps

et rendent ainsi le Christ présent.

 

« Quand deux ou trois sont réunis en mon nom,

je suis là, au milieu d’eux. » (Mt 18, 20)


Encore faut-il traduire

cette fraternité en actes

dans nos communautés,

dans l’accueil de ceux qui viennent

frapper à la porte

et dans la mission au cœur du monde.

 

 

Dans un monde où chacun cherche

à prouver qu’il est le meilleur,

à dénoncer les fautes des autres,

ou à cacher les limites et erreurs qui le désespère…

 

L’assemblée qui célèbre nous invite

à nous reconnaître petits et pécheurs :

« Je confesse à Dieu tout puissant

ET je reconnais devant mes frères que j’ai péché… ».

 

Manifestant ainsi que personne ne réussit tout seul

que l’humain n’est pas maître, mais « sauvé »,

dans l’accueil de la vie telle qu’elle est

et dans la nécessité de se serrer les coudes…


 « Venez à moi, vous tous

qui peinez sous le poids du fardeau,

et moi, je vous procurerai le repos. »

(Mt 11, 28)


Encore faut-il que les célébrations

soient ouvertes à tous, quels qu’ils soient,

que personne ne s’y sente exclu ou condamné.

Et que, au cœur du monde, les chrétiens se présentent

non en maîtres qui font la morale,

mais en soutien fraternel de tout homme et de toute femme

quels qu’ils soient et quels que soient leurs choix de vie.


 

Dans un monde où chacun veut avoir raison

affirmant son point de vue sans écouter,

Dans un monde où le dialogue et la négociation

sont souvent remplacés par le combat et le rejet…

 

L’assemblée qui célèbre se met d’abord

à l’écoute de la parole d’un Autre :

chacun s’ouvre et se laisse traverser

par ce que cette parole fait résonner en lui

lorsqu’elle est confrontée à sa vie quotidienne,

et à son actualité personnelle et relationnelle.


« Cette parole de l’Ecriture,

c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. » (Lc 4, 21).


Encore faut-il que les lectures de la célébration

soient proclamées comme une Parole vivante

qui accomplit la Bonne Nouvelle

au cœur de chacun et au cœur du monde…

 

Encore faut-il que l’homélie permette

de nommer l’actualité de cette parole

pour nos vies et pour le monde…


Encore faut-il que la Parole se transforme en acte

où les chrétiens, au cœur du monde,

manifestent l’amour et le salut pour tous

sans jamais condamner…


 

Dans un monde où les égoïsmes et les nationalismes

séparent, enferment, divisent, écrasent…

Dans un monde qui oppose affamés et repus…

Dans un monde assoiffé de justice et de paix…

affamé de respect et de convivialité sécurisants…

 

L’assemblée qui célèbre se réunit

autour de la même table d’un repas partagé,

ouvert à tous et à chacun, quel qu’il soit,

communiant dans l’action de grâce

au trésor de l’amour

comme un pain partagé,

comme un vin de fête et d’alliance.

Le même repas pour tous, devenus alliés,

quelles que soient nos diversités et oppositions

devenant « co-pains »

qui que nous soyons et quoi qu’il arrive.


« Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Lc 9, 13)


Encore faut-il

que dans la célébration

comme dans la vie du monde

personne ne soit exclu

de ce repas pour tous

 

Encore faut-il que nos célébrations

manifestent l’invitation à tous

et suscitent  le désir

de s’y nourrir et s’y désaltérer.

 

Encore faut-il que nos postures

quittent le bien-pensant pharisien

le sauf-qui-peut 

pour proclamer au cœur du monde

l’accueil, le partage, la liberté…


 

Il s’agit de FAIRE L’EUCHARISTIE…

 

c’est-à-dire de faire l’ACTION DE GRÂCE

non comme une prière, ni même comme une célébration,

mais bien comme une ACTION, une action qui rend GRÂCE !

 

Grâce comme « gratuit » et « gracieux »

qui rend la grâce reçue en la partageant,

qui proclame la GRÂCE pour tous,

qui offre et distribue la grâce pour tous,

qui fait grâce…


Encore faut-il que la grâce devienne

actes bienveillants et gestes solidaires,

que la grâce devienne actions

qui sauvent et restaurent

l’homme dans son humanité

et la société dans son vivre-ensemble…


 

QUAND NOS VIES DEVIENNENT EUCHARISTIE !

 

Nous Chrétiens,

nous comportons-nous vraiment ainsi,

comme des révélateurs de grâce,

comme des partageurs d’amour ?

 

Alors pourquoi le monde nous voit souvent

comme des empêcheurs de vivre,

comme des donneurs de leçons,

comme des gens qui interdisent et qui condamnent ?

 

Si nous étions vraiment des signes de salut pour le monde déchiré,

tous les désespérés viendraient s’y abreuver !



Il est temps de nous convertir

pour annoncer la Bonne Nouvelle de la grâce pour tous !

Il est temps de redevenir prophètes du salut

au cœur du monde fracturé tel qu’il est aujourd’hui.


Et nos vies redeviendront actions salvatrices

Et nos vies redeviendront actions de grâce concrète

Et nos vies redeviendront Eucharistie 




Marc THOMAS

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