En éveil
Je vous propose de jouer avec ces mots :
éveil, éveiller, se réveiller, veiller, vigilance…
jusqu’à la bien-veillance !
Dans un monde incertain, insécurisant, parfois bouleversant
nous réagissons par la peur ou par le sauve-qui-peut…
La peur nous enferme, nous stress, nous tétanise…
La peur nous rends méfiants, nerveux, violents…
Le sauve-qui-peut déclenche le chacun chacun-pour-soi au détriment de la solidarité.
c’est se rassurer dans l’immédiat et « après moi le déluge »
c’est vider les rayons des supermarchés pour assurer nos arrières
c’est continuer à gaspiller ou à polluer et tant pis pour les futurs dégâts climatiques
REMPLACER LA PEUR qui amplifie l'incertitude et la violence
PAR LA VIGILANCE, LA VILLE, L'ÉVEIL...
qui protègent, rendent attentifs et acteurs
Surtout, ne lis pas ce qui suit seulement comme des mots ni comme un texte…
Je te propose d’y rechercher ce qui te touche, ce qui parle de toi, ce que tu aimerais développer ou changer en toi et dans ta vie.
ÉVEIL
guetter, être aux aguets
comme le chasseur en éveil
pour voir arriver le gibier
comme les personnes qui veulent
apercevoir les dauphins et les baleines
comme on guette l’arrivée de l’ami tant attendu
Comment être en éveil ? Voici quelques exemples…
Nous sommes envahis par toutes sortes de perturbations extérieures ? Réservons-nous des temps de silence, de ballade dans la nature, de méditation…
Nous écoutons en permanence dans nos oreillettes la musique des autres ? Retirons nos oreillettes et mettons nous à fredonner nos propres notes ou à écouter notre musique intérieure…
Nous sommes obnubilés par les informations qui ressassent en boucle les violences de quelques-uns ? Partons à la découverte de tous les actes de gentillesse et de soutien autour de nous, ces petits gestes du quotidien si nombreux qui ne font jamais la une du journal !
Nous sommes branchés en permanence sur les réseaux sociaux ? Nous nous laissons formater par la multiplicité des messages qui viennent d’ailleurs ? Coupons de temps en temps le cordon ombilical de notre téléphone, fermons-le pendant le repas, mettons-nous à l’écoute de nos proches… et au lieu de nous laisser formater par tout ce qui nous vient d’ailleurs, essayons de penser et de nous faire un avis par nous-même…
Nous ressassons en boucle nos jugements et nos ladi-lafé ? Apprenons à parler de nous-même et de ce que nous ressentons plutôt que de critiquer les autres, et imposons-nous d’écouter, d’accueillir et de proposer, plutôt que d’imposer, de juger et d’agresser…
ÉVEILLÉ
Nous nous enfumons parfois par peur de trop souffrir : l’alcool, la drogue, des plaisirs superficiels pour oublier… Nous évitons les conflits, nous gardons le silence, nous nous nous laissons soumettre… Nous nous endormons dans des lamentations en boucles où plus rien ne nous paraît possible…Et si nous cherchions des lieux et des personnes avec qui il est possible de dire ce qu’on pense, de se tromper sans être jugé, d’être pleinement vivant, réveillé, ragaillardi sans être agressé ? Quand nous nous sentons reconnus et soutenus, regardez ce qui s’éveille en nous : le sourire, la joie de vivre, le désir, l’envie d’y croire à nouveau, les nouveaux projets…
Nous nous endormons parfois sur nos lauriers, comme des gens qui ne protègeraient pas leur maison du cyclone qui arrive demain puisqu’il fait encore beau aujourd’hui… Nous ne prévoyons pas, nous n’anticipons pas, nous nous réfugions dans nos habitudes… Et lorsque survient l’imprévu, nous sommes démunis et tétanisés parce que nous n’avons pas appris à nous adapter… Etre éveillé, c’est avoir suffisamment travaillé sur soi pour trouver notre sécurité en nous-mêmes, sans être balayés par la panique au premier coup de vent…
Il parait que dans le sommeil paradoxal, nous sommes engourdis et raidis au point de ne plus pouvoir bouger. Etre éveillé c’est avoir la souplesse qui permet de marcher, de danser, de prendre dans ses bras.
Dans la tempête ce sont les arbres rigides qui cassent alors que les palmiers aux feuilles souples restent debout. Etre éveillé c’est avoir cette souplesse adaptative qui me permet d’être disponible à ce qui vient, de me glisser au milieu des obstacles, de tendre la main à l’autre ou de lui faire la courte échelle pour le soutenir, de plier sans rompre, et d’avancer vers mes objectifs…
VIGILANCE
La vigilance, cette qualité d’attention nécessaire pour discerner ce qui ne saute pas aux yeux, pour se protéger du danger, pour anticiper les faux pas. La vigilance, cette qualité qui permet de repérer la petite plante qui sort de terre au milieu d’un champ de ruines, de discerner la tristesse et la peine sur le visage de mon voisin, d’anticiper le danger en me protégeant…
Dans un monde où l’empathie et la fraternité risquent toujours d’être battues en brèche par les prises de pouvoir et les manipulations, la vigilance permet de nommer les relations toxiques, les situations de manipulation et de domination, d’apprendre à s’en protéger, c’est oser dire non à l’injustice et à l’inacceptable en s’en écartant.
Dans un monde qui nous sollicite de toutes parts, avec des activités qui parfois nous submergent, des médias de toutes sortes qui bourdonnent dans nos oreilles, des stress qui nous oppressent, nous sommes souvent dispersés, voire même disloqués, ne sachant plus où donner de la tête. Si nous ne marquons pas des pauses et des stop, c’est souvent notre santé qui nous rappelle à l’ordre. Exercer la vigilance, quitter les bruits pour des temps de silence, quitter la dispersion pour se recentrer par la méditation ou un temps partagé avec des personnes aimées, faire le tri entre l’urgent, l’important, et l’accessoire, et lâcher prise sur nos injonctions à dire oui à tout, tout le temps et à tout le monde !
VEILLE et « -VEILLANCE »
Cette veille que des scientifiques exercent pour collecter tous les éléments nouveaux qui vont améliorer leur recherche. Cette veille de l’infirmière ou d’un proche sur le malade dont le souffle est irrégulier…
Loin de la sur-veillance, il s’agit de veiller sur, veiller sur soi, veiller sur l’autre… Veiller sur, c’est-à-dire prendre soin.
L’inverse en est la mal-veillance, cette perversion de la veille attentive qui nous guette tous quand nous ne voyons chez l’autre que ses défauts ou ses erreurs qui confirment et nourrissent notre méfiance. Cette malveillance qui s’appelle aussi ladi-lafé qui répète partout les accusations et les reproches en les amplifiant au fur et à mesure. Cette malveillance qui s’appelle aussi ricanements, reproches, jugements sur les personnes, refus et rejets du différent, volonté de gagner à tout prix et d’écraser. C’est le terrorisme au quotidien dans nos familles, dans nos équipes de travail et dans les relations hiérarchiques, le terrorisme au quotidien dans les propos insultants dans la société ou sur les réseaux sociaux.
Cette malveillance se forme non pas à cause de ce qu’est l’autre, ni même à cause de ce qu’il fait, mais à cause de ce que ça me fait à moi, à cause de ce que ça bouscule en moi, croyant me défendre en accusant l’autre alors qu’en fait je m’intoxique moi-même à force de ruminer mon aigreur et ma colère.
Pour quitter la malveillance, il suffit de renoncer à parler de l’autre avec ce « tu » qui accuse et qui juge, et de choisir de parler de soi avec un « je » où j’affirme mes convictions, mes limites, mes désaccords, mais aussi mes propositions.
Le summum de la veille est la bien-veillance, la « veillance » au bien, cette posture qui veille pour chercher, accueillir et fabriquer ce qui est pour mon bien et pour le bien de l’autre. La bienveillance n’est pas « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », car la bienveillance dénonce aussi ce qui détruit, ce qui opprime, ce qui est toxique, pour pouvoir chercher à « faire », c’est-à-dire à fabriquer ce qui est bon pour soi, pour les autres, pour la société, pour la planète, à en créer les conditions
Sommes-nous prêts à sortir de nos peurs, de nos méfiances et de nos stress en nous réveillant dans nos postures quotidiennes :
veilleurs en éveil et vigilants, dans la bienveillance !
Marc THOMAS
à lire ! Un article de Marc THOMAS sur la bienveillance :
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