Je suis un homme libre
Qui d'entre nous peut dire
qu'il vit sans liberté ?
Je suis actuellement sous confinement
à la Réunion et couvre-feu à 18h.
Je suis donc confronté à des contraintes
qui ne me font pas plaisir.
Et pourtant…
Je reste libre de me déplacer
dans des périmètres fixés,
d'aller faire mes courses et mes balades...
Je reste libre de communiquer et de dire ce que je pense...
Je reste libre de manifester mon affection
en inventant autre chose que les bisous même s'ils me manquent,
je reste libre de communiquer avec vous par ce message,
alors que sans tout ça on n'aurait peut-être pas échange,
je reste libre d'exprimer mon désaccord
et de me protéger des agressifs qui nous insultent...
Je reste libre intérieurement
malgré toutes ces contraintes pas toujours agréables à accepter.
Je reste libre de m'adapter extérieurement sans me sentir soumis.
Ma liberté essentielle ne dépend pas des conditions extérieures.
Accepter des contraintes pour se protéger,
ça n'a rien à voir pour moi avec m'interdire de vivre...
Ca m'invite même à être créatif
en inventant d'autres modes de vie que d'habitude...
J'ai découvert ma liberté intérieure un jour où j'avais tout perdu :
mon aura de jadis que certains de mes lecteurs ont connu,
mon travail dont je venais d'être licencié,
ma maison que je ne pouvais plus rembourser,
la tension puis la séparation avec la femme que j'avais cru aimer...
J’aurais pu me révolter
contre l’Institution qui m’a rejeté après m’avoir adoré,
crier à la méchanceté quand des bien-pensants
sont venus crever les 4 pneus de ma voiture,
dénoncer un employeur qui m’a licencié
en jugeant aberrantes les propositions d’intervention que je lui proposais
et qui, depuis 20 ans, maintenant me permettent de gagner ma vie
et de favoriser le bien être soi et le bien-être relationnel.
J’aurais pu dénoncer cet homme riche
me demandant de rembourser prématurément un prêt,
pour ne pas utiliser les intérêts
de ses placements bancaires pour payer ses impôts…
et j’ai donc du vendre ma maison pour lui rembourser son prêt.
J’aurais pu me révolter, manifester, accuser, être dans l’aigreur…
J’ai dénoncé les injustices avec vigueur
Mais dépouillé de tout, sans maison, sans travail, sans amour,
je me suis retrouvé seul dans le petit F2 qui remplaçait ma maison. Seul devant la fenêtre, j’ai ressenti une émotion monter :
une chaleur dans mon ventre, montant vers la poitrine,
une respiration profonde, des larmes aux yeux,
et ces mots qui surgissaient de mon dépouillement :
« Je suis un homme libre ! »
Sentiment de liberté imprescriptible
qui ne m’a jamais quitté depuis.
Il venait du plus profond, il venait d’un bouleversement de vie
il venait d’un rejet par une Institution et des autorités…
Mais désormais plus personne ne pouvait me l'enlever.
J’avais beaucoup perdu à l’extérieur de moi,
mais j’étais en train de me trouver moi-même !
« Je suis un homme libre »
je peux enfin être moi-même,
dans le respect des contraintes sociales,
même si certaines peuvent être légitimement interrogées,
mais sans en être d’aucune manière dépendant.
Depuis, pour moi, tout s'est reconstruit... Et grâce à tout ce passage, un chemin s’est ouvert…
Un chemin de liberté et de bonheur !
Marc THOMAS
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