Nous sommes tous saints
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Nous fêtons la Toussaint !
Mais de quels saints parlons-nous ?
Ceux qui ont été béatifiés par l’Eglise ? Certainement !
Seulement ceux-là ? Certainement pas !
Ecoutez ce qu’en dit Jésus dans les Béatitudes :
« Quand Jésus vit la foule, il gravit la montagne. Il s'assit et ses disciples s'approchèrent. Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait : « Heureux... » (Mt 5, 1-12)
HEUREUX, « BEATI », BÉATIFIÉS
Jésus pose son regard sur ces hommes et ces femmes qui l’ont suivi.
Regard de bienveillance et d’empathie !
Et c'est d'eux qu’il parle à ses disciples, comme s'il disait :
« Regardez-les, ces hommes et ces femmes tout ordinaires, ils ne se font pas remarquer :
c'est la foule des hommes. Ce ne sont pas des êtres exceptionnels :
ils sont "Monsieur et Madame Tout-le-Monde"
et Jésus béatifie leur simplicité et leur sincérité au quotidien !
Mais regardez-les bien : ils sont les pauvres de cœur, les doux, ceux qui pleurent,
ceux qui ont faim et soif de justice, les miséricordieux, les cœurs purs,
les artisans de paix, les persécutés pour la justice...
Ces hommes et ces femmes comme vous et moi, dans leur simplicité,
le Royaume des Cieux est à eux. »
La sainteté est pour le grand public,
et le destin de tout homme est d’être heureux et béatifié.
LA SAINTETE RESERVEE A UNE ELITE ?
Qui nous a fait croire qu’il faudrait être exceptionnel et parfait pour devenir un saint ?
Non, les saints ne sont pas des héros !
Nous sommes tous des pécheurs, y compris les grands saints de l’Eglise !
Mes limites, mes erreurs, mes péchés ne m’empêchent pas d’être un saint
à partir du moment où je me retourne vers l’amour posé sur moi sans condition !
Ce regard que Jésus posait sur le jeune homme riche,
sur Zachée le collaborateur et le voleur,
sur la femme adultère,
sur le brigand crucifié à côté de lui...
Un regard qui sanctifie car il n’identifie pas la personne à ses actes,
un regard qui va chercher la beauté d’un être derrière ses erreurs ou ses fautes.
Ce regard sans reproche qui ne nous identifie pas à nos fautes,
ce regard d’amour qui peut nous restaurer dans notre dignité…
Tant d’hommes et de femmes jugent et condamnent la personne
et ruminent leurs accusations qu’ils répètent en boucle.
Le regard évangélique consiste à chercher derrière la faute,
la pépite inaltérable bien cachée au cœur du pécheur,
cette pépite qui peut le convertir et le transformer.
C’est le regard du Père de l’Enfant prodigue qui le restaure dans sa dignité de Fils,
c’est le même regard d’amour et de tendresse de nos proches
quand ils renoncent à nous faire payer nos fautes
et quand, après nos errances, ils nous accompagnent
vers la chance de nous reconnecter à votre source.
LE BONHEUR RESERVE A L’ETERNITE ?
Qui nous a fait croire que la sainteté ne commence qu’après la mort
et que la seule possibilité d’être heureux dans l’éternité
était de marcher sur cette terre courbés sous le poids des épreuves et des souffrances,
sans hésiter à y ajouter toutes les pénitences possibles ?
C'est au présent que Jésus parle quand il voit ses disciples « heureux » !
C'est au présent qu'il déclare grande la récompense dans les cieux !
Cela ne supprime ni les épreuves, ni les exigences de la vie !
Il faut bien des décapages pour restaurer l'original et révéler la beauté.
Les vrais décapages sont déjà la beauté en travail d’enfantement,
le bonheur en chemin, la sainteté en acte...
EST-CE PRESOMPTUEUX DE SE DIRE SAINT ?
Oui c’est présomptueux si vous êtes comme le pharisien de l’Evangile (Luc 18, 10-14).
cet homme qui multiplie ostensiblement les pratiques religieuses
et se présente devant l’autel fier de lui et de tout ce qu’il a fait ! Il se croit le meilleur.
Il imagine qu’il peut gagner son salut à la force du poignet et par ses propres mérites :
ce faisant, il ne croit qu’en lui, et il a éliminé Dieu !
Mais non ce n’est pas présomptueux si vous êtes comme le publicain
qui se reconnaît petit et fragile…
Dans un regard d’amour posé sur lui là-même où il se culpabilisait,
ce publicain découvre émerveillé que sa misère et son péché
n’ont pas envahi tout son être et que sa dignité d’homme reste intacte :
« Quand ce dernier redescendit dans sa maison,
c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre » (Luc 10/14)
LA SAINTETE NE SE GAGNE PAS, ELLE S’ACCUEILLE !
Le salut et la sainteté ne se gagnent pas
en multipliant les formules de prière, les privations et les pénitences,
et des pratiques rituelles magiques qui viendraient amadouer
un Dieu pervers prenant plaisir à tester et à punir !
Ce ne sont pas nos pratiques religieuses qui nous sanctifient,
mais notre amour en acte au quotidien !
Nos pratiques religieuses servent à nous reconnecter à la source
pour mettre en pratique l’amour au quotidien…
Nos pratiques religieuses servent à exprimer notre gratitude (notre action de grâces)
pour le salut qui s’opère aujourd’hui par nos actes, par nos engagements.
Ce ne sont pas les pratiques religieuses qui nous font gagner la sainteté,
ce sont nos actes du quotidien qui font de nous des justes, des « beati », des béatifiés !
« j’avais faim, j’avais soif… vous m’avez donné à manger à boire…
J’étais nu, étranger, malade… vous m’avez vêtu, accueilli, vous êtes venus me voir… Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits,
c’est à moi que vous l’avez fait ! » (Mt 25,31-46)
TOUS-SAINTS
Nous sommes tous saints ! Tous-Saints ! Toussaint !
« Saints », c’est le nom que se donnaient les premières générations de chrétiens !
Plutôt que de nous soumettre à la peur païenne de rater nos vies ou d’être condamnés,
nous pouvons choisir la gratitude et l’émerveillement d’être aimés
et sauvés à travers nos fragilités et nos espoirs !
Heureux, beati, béatifiés, vous les femmes et les hommes d’aujourd’hui
qui choisissez de construire un monde fraternel
vous qui ouvrez des chemins
de libération, de bonheur, de sainteté !
Marc THOMAS
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