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Photo du rédacteurMarc THOMAS

Parole semée




Certains me demandent pourquoi mon blog s’appelle Parole semée et pas Dieu de tous les jours ? D’abord parce qu’il ne s’adresse pas seulement à des croyants en Dieu, mais à tous les « croyants en l’homme », quelles que soient leurs convictions.


Mais aussi parce que je suis inspiré dans ce que j’écris par la parabole du semeur dans l’Evangile : elle me semble porteuse de sens pour tout être humain. En effet, il y a toujours des semeurs dans nos vies : certains les appelleront Dieu, d’autres les appelleront intuition, intériorité, spirituel, ouverture à la Vie ou à la Lumière… Et puis il y a ces semeurs du quotidien, telle ou telle personne de notre entourage dont la parole nous libère, telle ou telle lecture qui déclenche une réaction et une ouverture en nous, telle ou telle rencontre ou événement qui ouvre des chemins nouveaux dans nos vies…


En rappelant la source qui inspire mes paroles et mes écrits, je voudrais redire à chacun le sens profondément humain et universel que je donne à cette expression qui est aussi mon intention : Parole semée.


DIEU LE SEMEUR

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 8, 4-15


En ce temps-là, comme une grande foule se rassemblait, et que de chaque ville on venait vers Jésus, il dit dans une parabole : « Le semeur sortit pour semer la semence, et comme il semait,

il en tomba au bord du chemin : les passants la piétinèrent, et les oiseaux du ciel mangèrent tout. Il en tomba aussi dans les pierres,

elle poussa et elle sécha parce qu’elle n’avait pas d’humidité. Il en tomba aussi au milieu des ronces, et les ronces, en poussant avec elle, l’étouffèrent. Il en tomba enfin dans la bonne terre, elle poussa et elle donna du fruit au centuple. » (…)

Etonnant, ce Dieu qui sème sur tous les terrains !

Quel gaspillage pourraient dire les agriculteurs !

Est-ce le vrai Dieu, pourraient dire certains catholiques qui ont été surtout éduqués dans la peur d’un Dieu qui condamne les pécheurs, dans la peur d’aller en enfer, dans la nécessité de s’imposer des pénitences pour plaire à Dieu et obtenir ses grâces ?


A tout ceux-là, le vrai Dieu répond : « Je sème sur tous les terrains ».

Autrement dit : « Mon amour est offert et semé à tous et en toutes circonstances ».


Bien sûr il sème dans la bonne terre !

Mais il sème aussi sur les bordures et les bas-côtés mal entretenus de nos retraits,

il sème dans nos cœurs endurcis et dans nos relations tendues ou étouffantes,

il sème dans les ronces de nos blessures et de nos attitudes agressives.


Non le Dieu des chrétiens n’est jamais un Dieu qui condamne et qui punit,

il est toujours celui qui aime au cœur même de nos violences destructrices.

Jésus ressuscité descend même aux enfers en libérateur. Et le Père de l’Enfant Prodigue attend inlassablement le retour de son fils et l’accueille sans conditions.

Le Dieu des chrétiens sème inlassablement, jamais résigné ni désespéré, il ne se lasse pas de semer de l’amour partout, même sur nos terrains boueux ou guerriers.


Le blog Parole semée où je publie mes articles et interventions ainsi que les émissions Dieu de tous les jours est dans le même esprit : il se veut résolument présent sur tous les terrains de la vie des hommes quels qu’ils soient.


Parole semée, ce ne sont pas des paroles pieuses ou exclusivement religieuses destinées aux seuls croyants en Dieu.


Il ne s’agit pas d’une spiritualité désincarnée qui inviterait à trouver le sens de nos vies en quittant les réalités et conflits du monde pour se réfugier dans un divin céleste et désincarné. Parole semée est enraciné dans la conviction que, depuis l’incarnation de Dieu dans l’homme Jésus, Dieu ne se rencontre pas d’abord dans les églises, mais prioritairement au cœur de l’homme et dans la vie réelle des humains, des sociétés et du monde. Les églises sont les lieux où l’on vient se serrer les coudes et se nourrir pour avoir l’énergie d’aller à la rencontre de Dieu au cœur de la vie des hommes.


Parole semée, ce sont des paroles et des écrits qui veulent résonner sur tous les terrains de la vie des hommes, dans toutes les dimensions de la vie sociale et des questionnements sur l’avenir du monde. Il s’agit de paroles et d’écrits nés le plus souvent dans l’écoute de la vie des hommes, dans l’accompagnement de personnes blessées par la vie, dans les questionnements et parfois les désespoirs des blessés de la vie, dans la quête de chemins de sorties de crises et d’un salut qui s’accomplit aujourd’hui et pas seulement à la fin du monde.


Comme l’expriment si bien les premières lignes de la Constitution du Concile Vatican II « Gaudium et Spes » sur l’Eglise dans le monde de ce temps, les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. (…) La communauté des chrétiens se reconnaît donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire.


L’HOMME CULTIVATEUR


Le seul rôle de Dieu est de semer.

Préparer le terrain, le désherber, et assurer les conditions de la germination et de la croissance ne dépend pas de Dieu, mais c’est la responsabilité de l’homme.


La suite de l’Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 8, 4-15


Voici ce que signifie la parabole : La semence, c’est la parole de Dieu. Il y a ceux qui sont au bord du chemin : ceux-là ont entendu ; puis le diable survient et il enlève de leur cœur la Parole, pour les empêcher de croire et d’être sauvés.

Il y a ceux qui sont dans les pierres : lorsqu’ils entendent, ils accueillent la Parole avec joie ; mais ils n’ont pas de racines, ils croient pour un moment et, au moment de l’épreuve, ils abandonnent.

Ce qui est tombé dans les ronces, ce sont les gens qui ont entendu, mais qui sont étouffés, chemin faisant, par les soucis, la richesse et les plaisirs de la vie, et ne parviennent pas à maturité.

Et ce qui est tombé dans la bonne terre, ce sont les gens qui ont entendu la Parole dans un cœur bon et généreux, qui la retiennent et portent du fruit par leur persévérance. »


Dieu sème, mais c’est à l’homme de préparer le terrain et d’accueillir la semence, de créer les conditions pour qu’elle s’enracine, germe et porte fuit. Certains attendent de Dieu qu’il fasse tout le travail. Plutôt que de brûler un cierge pour qu’un jeune réussisse son examen ou trouve un emploi, il vaut mieux soutenir la motivation, encourager à s’investir ou apporter l’aide nécessaire.


Attention à ne pas céder à la tentation de classer les personnes dans ces différentes catégories, ni de nous demander dans quelle catégorie nous sommes ! Ces divers terrains existent en chacun de nous, comme différentes parts de nous parfois en contradiction les unes avec les autres, expliquant ainsi nos tensions intérieures. Tous, nous avons de la bonne terre en nous, mais nous sommes en même temps arides comme un trottoir, durs comme la pierre, envahis par l’agressivité ou par les blessures…


Dieu sème sur tous ces terrains, à nous d’en être les jardiniers et les cultivateurs…


Le bord de la route où le diable survient et enlève de leur cœur la Parole : le vrai diable, c’est parfois des événements qui surviennent, des paroles que nous entendons, des jugements reçus, des dominations subies qui nous écrasent et tuent en nous toute énergie de vie… Ce sont nos évitements qui nous mettent en retrait des choix ou des actions à mener et nous figent sur le bord de la route… Ce sont nos volontés de pouvoir, nos appétits d’avoir toujours plus qui nous dessèchent et nous rendent hermétiques à l’amour et à l’écoute…


Les pierres qui accueillent la parole avec joie mais n’ont pas de racine et abandonnent au moment de l’épreuve : quand nous nous plaignons des malheurs qui nous arrivent sans prendre les moyens d’améliorer la situation… Quand nous écoutons la parole en y cherchant des explications mentales, mais sans la laisser résonner au cœur de notre vie… Quand nous récitons des prières et demandons à Dieu de résoudre nos problèmes plutôt que de nous brancher sur Dieu comme on branche un appareil dans une prise électrique , pour que son énergie créatrice vienne nourrir et réveiller la nôtre…


Les ronces : les gens qui ont entendu, mais qui sont étouffés, chemin faisant, par les soucis, la richesse et les plaisirs de la vie : quand nous sommes submergés ou essoufflés par les rythmes de vie, il est toujours intéressant de se demander après quoi nous courrons, quels besoins nous privilégions, quelles valeurs nous nourrissons et quelles valeurs nous affamons… Le superficiel en nous nous empêche souvent de laisser la semence nourrir notre intériorité…


La bonne terre, ce sont les gens qui ont entendu la Parole dans un cœur bon et généreux, qui la retiennent et portent du fruit par leur persévérance : quelles sont ces parts de nous qui sont ouvertes et en recherche de sens et de valeurs durables ? Quelles sont les parts de nous souples et adaptables à l’autre, à la différence, aux imprévus de la vie ? Quelles sont les parts de nous nourries par la confiance, par la bienveillance, par le respect ?


Le blog Parole semée a deux objectifs :

  • permettre à chacun d’identifier ses parts multiples, sa bonne terre, ses bordures, ses pierres, ses ronces, de les accueillir sans jugements, de chercher comment les jardiner et les rendre fertiles

  • et ce faisant, permettre à chacun, croyant ou non, de reconnaître et d’accueillir les mots et les évènements qui seront des semences à germer et à porter fruit dans sa vie quotidienne concrète.


L’important, ce ne sont pas les paroles que je dis ou les mots que j’écris. D’ailleurs, les terrains de chacun sont différents, et chaque semence a des terrains qui lui sont plus ou moins favorables. Parmi ces paroles, la seule importante est celle qui va faire tilt pour toi, celle qui va déclencher une émotion apaisante ou libératrice, celle qui va te suggérer une pensée nouvelle, celle qui va ouvrir un chemin nouveau, déclencher un désir ou une motivation inattendue…


Dans l’accompagnement de personnes affrontées à des difficultés ou en quête de sens, je fais toujours cette merveilleuse expérience d’un tilt qui surgit au détour d’une phrase, d’une émotion, d’un récit de vie… Chaque fois ce tilt ouvre une porte, et permet à la personne en difficulté d’assouplir son terrain pierreux, de se dégager des ronces qui l’étouffent, de reprendre sa route au lieu de rester assis sur la berge, et de voir de nouveau en elle cette bonne terre prête à porter fruit…



Marc THOMAS

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