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Photo du rédacteurMarc THOMAS

Résister

Dernière mise à jour : 28 mars 2022

En hommage à toutes les ukrainiennes et tous les ukrainiens,

et spécialement à mes ami·e·s

à Kiev, Budenets, Tchernivtsi, Snyatin, Ivano Frankisk, Borschiv, Donetsk, Rivnè...

exilés en Pologne, en Roumanie ou ailleurs, vivant en France loin de leurs familles



Devant les pandémies, la guerre, les violences de toute sorte,

nous avons le choix entre nous laisser écraser ou résister.

Mais comment résister et tenir debout dans la tempête

quand la dureté des événements nous conduit plutôt à la sidération ?


SIDÉRATION


Pour répondre à cette question, je vais jouer avec le mot sidération et ses dérivés :

con-sidération et de-siderata qui a donné le mot désir.


Ce mot vient du latin « sidus » qui signifie astre.

Etre sidéré, au sens propre, c’est être sous l’influence des astres.

Mais il a pris un autre sens dans nos vies quotidiennes : En état de sidération, paralysés et incapables de réagir,

nous sommes envahis par un sentiment d’insécurité…


« Sidérés », nous sommes comme des terriens qui auraient pris un astre sur la tête…


Nous vivons souvent cela sous l’influence des éléments extérieurs.

Le Covid nous a confrontés à l’imprévu et a déclenché bien des inquiétudes,

nous qui aimions mener nos vies et nos rencontres à notre guise,

nous nous retrouvions dépendants d’un virus incontrôlable

masqués et à distance de nos proches, souvent perdus sans nos repères habituels.


La guerre en Ukraine fait resurgir des peurs,

les paniques et les terreurs de la guerre et des bombardements,

ces horreurs que nous avions cru définitivement écartées…


D’autres événements de nos vies quotidiennes nous bouleversent :

en famille, au travail ou dans la vie sociale :

la violence intrafamiliale et la violence sociale,

les accidents, les maladies, les difficultés financières, les deuils…


Tout cela nous plonge dans l’inquiétude, dans l’insécurité,

dans la peur, la panique et la terreur parfois…

nous ne savons plus où nous réfugier…

une méfiance permanente nous étreint…

Et nous sommes tétanisés, incapables de réagir.


Comme si tout ce qui vient de l’extérieur pouvait nous agresser…

Comme si nous étions soumis à des forces extérieures

dont nous serions totalement dépendants

et contre lesquelles nous nous sentons totalement désemparés et impuissants…

Comme si notre fragilité et notre vulnérabilité

nous condamnaient à la peur, à la souffrance, à l’impossibilité de vivre…

Devant toutes ces peurs et ces désespérances,

nous avons le choix entre nous laisser écraser ou résister.

Comment résister et tenir debout dans la tempête ?


CONSIDÉRATION


Face à la sidération qui paralyse,

retrouver la considération qui protège et restaure…


Les ukrainiens ne restent pas sidérés devant ce qui leur arrive.

Considérant le danger, ils choisissent trois formes de protection :

  • descendre dans les abris qui protègent des bombes,

  • s’exiler momentanément hors de leur pays,

  • résister pour empêcher l’ennemi d’avancer à sa guise.

Trois manières différentes de résister aux assauts de la violence

en se protégeant et en faisant face

D’où tirent-ils leur force de se cacher, de partir ou de faire face ?

Ils trouvent cette force dans un instinct de survie !

Mais aussi dans l’amour de leurs proches à protéger à tout prix !

et dans la volonté de brandir l’étendard de leur identité :

la revendication de liberté, l’amour de leur patrie, la foi en la solidarité !



Ils refusent de se soumettre

à la violence extérieure,

en considérant à la fois

leur fragilité à protéger ,

mais aussi leur énergie intérieure,

leur amour, leurs convictions

qui leur donne l’élan de choisir

parmi les différents moyens

de se protéger et de résister.

Certes ils en payent le prix fort par la souffrance et la mort,

mais ils savent que c’est le seul moyen

de se donner un avenir de vie et de liberté.

Sidérés et submergés par la violence,

ils n’ont pas perdu de vue

leur volonté de vivre libre !

Comme jadis les résistants français aux forces du nazisme. "RÉSISTANCES"

Je les admire pour cela ! huile sur toile par Isabelle MARANDON

En vente Atelier7 - Perigueux - 0749752465

Souvent les événements extérieurs

viennent nous happer ou nous envahir,

et nous donnent l’impression de ne plus être nous-même… Avoir de la considération pour soi, c’est

  • apprendre à me protéger de la violence de l’extérieur,

  • découvrir mes capacités à m’adapter à l’imprévu,

  • puiser dans mes ressources intérieures l’énergie de résister…


Comment faire pour passer de la sidération à la considération ?

Me protéger des informations écoutées en boucle,

me protéger de la multiplication des images de violence,

me protéger des jeux vidéos basés sur la violence,

me protéger de mes ruminations permanentes qui finissent par tout amplifier,

me protéger des ladi lafé qui ne parlent que du négatif…

et encore bien d’autres exemples,

comme un boxeur ne résiste que s’il se protège avant d’aller au combat,

comme on ne résiste au soleil qu’en cherchant l’ombre

et au froid en se couvrant d’un pull…


Et quand j’ai trouvé comme les ukrainiens

le meilleur moyen de protéger mes fragilités,

alors je peux considérer mes ressources intérieures,

et trouver en moi l’énergie de résister et de m’adapter,

pour continuer à vivre mes choix, mon amour, mes convictions…


Pendant le Covid, masqués et à distance,

alors qu’on ne pouvait plus se rapprocher ni prendre dans ses bras,

beaucoup ont inventé d’autres manières de partager,

de s’exprimer leur solidarité, leur amitié, leur amour…

D’un seul coup les regards ont pris plus d’importance,

les visio ont permis de rester proches et d’échanger,

le télétravail a permis de continuer à vivre certaines activités,

et certains y ont trouvé des avantages en terme de qualité de vie.

Lorsque nous réussissons à quitter la sidération

pour prendre la distance de la considération,

alors nous devenons inventifs et créatifs

et nous découvrons nos capacités de résistance et d’adaptation.

Il s’agit toujours de :

  • considérer les évènements de l’extérieur sans être envahi comme on considère la neige en s’étant protégé du froid

  • se considérer soi afin que nos fragilités ne masquent pas nos ressources intérieures et nos énergies de vivre

  • considérer les autres, en apprenant à se protéger de ceux qui peuvent être toxiques ou malveillants, mais aussi en se serrant les coudes avec ceux qui sont bienveillants et catalyseurs d’amour et d’énergie.

DÉSIRS

Sidération - Con-sidération - Désirs ou de-siderata


Sortir de la sidération par la con-sidération

et par l’expression de nos de-siderata ou désirs.


Envahis par l’incertitude et la peur venus de l’extérieur,

nous sommes aveuglés, et notre désir est noyé dans la tourmente.

Comment désirer quand la tempête vient tout casser ?

En nous centrant non pas sur la peur, mais sur ce que la peur révèle :

Jacques Salomé écrit : « nos peurs sont les nids de nos désirs ».

Si nous avons peur, c’est parce que nous sentons

que quelque chose de précieux pour nous est en danger.

Si nous avons peur pour ceux que nous aimons,

c’est précisément parce qu’ils sont précieux pour nous…


Au lieu de ruminer la peur qui s’amplifie comme une avalanche,

nommons le précieux que cette peur nous désigne :

  • exprimons ce qui est précieux pour nous et l’énergie que nous allons trouver pour protéger ce précieux,

  • centrons-nous sur nos projets, nos envies, nos valeurs et nos convictions : la peur ne les a pas fait disparaitre, elle les a seulement mis à l’abri, et notre désir de trouver les moyens d’en vivre peut les réactiver…

  • allons dire aux autres combien ils sont précieux pour nous, nommons toutes celles et ceux qui comptent pour nous plus que tout, et apprenons que la résistance n’est possible qu’à plusieurs…

Le danger donne encore plus de valeur à ce qui est précieux pour nous.

Devant le danger et la peur, si nous choisissions d’élaguer de nos vies ce qui est superficiel,

et de réveiller au plus profond nos valeurs qui nous font tenir debout

et génèrent bonheur, bien-être et relation vraie.

Nous avons le choix entre nous noyer dans la peur du danger,

ou résister pour protéger ce qui est précieux.

Certains ont le réflexe de se tourner vers Dieu pour implorer la protection divine. C’est légitime, mais Dieu ne peut rien sans nous,

sinon il y a longtemps que Dieu aurait arrêté la guerre en Ukraine,

les effets du Covid et les conséquences de nos propres violences… pour les croyants, il s’agit plutôt de relier Dieu à nos propres énergies....


Oser croire en nos ressources, oser espérer, oser choisir les moyens d’en vivre :

ainsi nous restons des croyants, des créateurs, des résistants


Résister , ce n’est pas agresser et se battre contre l’autre… Résister, c’est puiser en nous et entre nous la force de rester debout !



Marc THOMAS

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