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Photo du rédacteurMarc THOMAS

Suspicion étouffante

Dernière mise à jour : 15 mars

STOP AUX RAGOTS - 1

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Echos du monde

 

Dans un groupe de parole, 4 femmes évoquent leurs difficultés à vivre sous le regard inquisiteur des autres. Elles racontent :


Je suis infirmière scolaire et je ne peux pas sortir dans mon village, en dehors de mes heures de travail, sans être sollicitée, parfois menacée par des familles après que j’ai fait un signalement.

 

Je suis professeur en collège et je n’ose pas m’habiller comme j’en ai envie pendant ma vie privée au cas où des parents d’élèves me verraient en tenue de détente, ce qui me ferait perdre mon autorité.

 

Je suis adulte, et quand je reviens dans mon village d’origine et je n’ose pas traverser la rue principale car tout le monde va dire : Tiens la fille de (prénom de son père ou sa mère) est revenue… t’a vu comme elle est habillée ? En plus elle est divorcée…

 

Ma voiture était en panne et je demande à un automobiliste de me conduire au prochain garage. Celui-ci refuse en disant : Tout le monde va voir que je prends une femme dans ma voiture et ils vont aller le dire à ma femme.

 

Je suis divorcée et à l’église, je m’avance sans communier pour recevoir une bénédiction. Je vois alors les yeux braqués sur moi de celles et ceux qui vérifient que je vais croiser les bras sans prendre la communion.

 

Je vais au marché forain chez moi, et des gens disent à ma mère le lendemain : Pourquoi ta fille a besoin de venir faire la belle et se montrer au marché ? 

 

Ma mère voulait aller travailler alors qu’elle est restée à la maison pour s’occuper de ses enfants. Certains membres de sa famille lui ont dit : Non tu ne dois pas aller travailler, car celles qui vont travailler trompent leurs maris. 

 

Quand je vais en métropole voir ma fille, enfin je peux faire ce que je veux, m’habiller comme je veux, et enfin je respire. (Même si je me permets d’ajouter qu’il y a des lieux dans l’Hexagone où les cancans et les rumeurs vont aussi bon train, et des quartiers où ce ne sont plus les anciens qui font la loi mais les dealers…)

 

Regards inquisiteurs et suspicieux, parfois ricanants et menaçants…

Ladi-lafé, rumeurs et jugements dans des contextes familiaux ou dans des villages confinés, dans certains milieux sociaux et dans certaines entreprises.


Les chemins de la foi

 

A nous tous qui nous croyons parfois « bien sous tous rapports »

A nous tous, prêts à juger et à dénoncer les comportements de l’autre…

A nous tous qui avons si facilement l’œil critique et la dent dure…

A nous tous, et pour chacun de nous cette parole de l’Evangile :

 

Lc 18, 9-14

 

À l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici :

« Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts).

Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : “Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.”

Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : “Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !”

Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »

 

Et si nous sommes des habitués du ladi-lafé, de la critique et de la suspicion,

comment entendons-nous ces paroles de Jésus :

 

Mt 23, 1-4 et 23-25

 

Alors Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples,  et il déclara : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse.

(…) Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt.

(…) Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous payez la dîme sur la menthe, le fenouil et le cumin, mais vous avez négligé ce qui est le plus important dans la Loi : la justice, la miséricorde et la fidélité. Voilà ce qu’il fallait pratiquer sans négliger le reste.

Guides aveugles ! Vous filtrez le moucheron, et vous avalez le chameau !

Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous purifiez l’extérieur de la coupe et de l’assiette, mais l’intérieur est rempli de cupidité et d’intempérance !

 

Ebauche de Marc

 

Les femmes qui évoquaient ces faits s’interrogeaient sur les origines culturelles de cette soumission forcée aux regard inquisiteurs des autres et à la pression sociale. Le zoreil que je suis à posé le mot d’esclavage… Qu’en pensez-vous, amis lecteurs et auditeurs ?

 

J’aimerais beaucoup que vous réagissiez à ce que vous venez d’entendre ou de lire, et que vous me partagiez vos réactions :

-  par mail : parole-semee@orange.fr 

-  par message oral (SMS ou WhatsApp) : +262 693 419 662

 

Je disais aussi à ces femmes : Mon beau slogan « Être soi au milieu des autres » est complètement à côté de la plaque et impossible à vivre dans ces contextes toxiques.

 

Et pourtant je veux croire que les belles valeurs qui nous habitent tous peuvent être réveillées et contribuer à changer nos difficultés relationnelles et nos cultures de la méfiance.


Devant le poids des regards inquisiteurs et de la pression sociale, je pose deux questions pour en sortir :


1.    comment me protéger ?


  • Personne d’autre que moi ne connaît vraiment mes valeurs, mes intentions, mes fragilités, mes erreurs, mes aspirations… Comment renforcer la confiance en moi, pour laisser dire ce qui parle de l’autre sans le prendre pour moi, sans le laisser pénétrer en moi ?

  • Quand je me sens critiqué et jugé par les autres, si je faisais la liste des personnes avec qui je me sens bien : quelles sont celles qui m’accueillent tel que je suis, avec empathie et soutien ?

 

2.    Comment oser être moi ?

 

L’une des femmes du Groupe de Parole racontait qu’elle a osé une fois traverser la rue commerçante de son village, très consciemment, sachant les regards posés sur elle, mais décidée à s’affirmer sans en tenir compte. Elle est aussi allée au marché pour son plaisir, quoi qu’en disent les autres. Elle ajoutait : je me suis sentie bien en faisant cela, et maintenant je me sens plus libre de tout ce que les personnes pensent de moi.


  • Je peux profiter d’être loin de chez moi pour être moi-même, librement et sans les contraintes habituelles.  

  • Quand je suis chez moi, je peux imprimer l’image ci-dessus (l’avis des autres n’est que la vie des autres) et la mettre dans ma poche, allant la toucher chaque fois que je me sens touché par les critiques.

  • Si je suis prof, je peux oser tester d’aller faire mes courses en m’habillant comme j’ai envie pour pouvoir vérifier que cela ne changera pas le regard ni le respect de la grande majorité de mes élèves.

  • Si je continue à me faire tout petit et à m’effacer pour ne pas susciter les critiques, je deviens automatiquement le complice de ce fonctionnement pervers en acceptant de m’y soumettre.

 

Nous ne pouvons pas changer les autres, ni changer du jour au lendemain la culture sociale dans laquelle nous vivons.

 

Mais nous pouvons nous changer nous-mêmes, en apprenant à nous protéger, à faire grandir la confiance en nous et à oser être nous-mêmes chaque fois que c’est possible.



Réactions des auditeurs

J’aimerais beaucoup que vous réagissiez à ce que vous venez d’entendre ou de lire,

et que vous me partagiez vos réactions :

-        par mail : parole-semee@orange.fr 

-        par message oral (SMS ou WhatsApp) : +262 693 419 662



Marc THOMAS

 


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