Urgent : échanges, dialogue
à la fin de cet article, PAROLE SEMÉE vous propose
de participer à des groupes de parole à la Réunion dès fin septembre
L’URGENCE DE L’ÉCHANGE ET DU DIALOGUE
Nous vivons dans un monde de communications multiples, et pourtant le dialogue est souvent difficile. Les jugements, les ladi-lafé, les désaccords, les oppositions, les conflits créent souvent des tensions, des relations toxiques, des prises de pouvoir illégitime. Nous nous taisons ou nous voulons imposer notre point de vue. Nous sommes blessés ou nous devenons agressifs. Nous souffrons de n’être pas entendus et nous ne savons plus écouter…
Pourtant la vie sociale exige compréhension et adaptation. Quand on est plus de 800 000 sur une île, quelques dizaines dans une entreprise, 5 ou 10 dans le même logement, il faut bien tenir de compte des autres si l’on veut être soi et vivre en paix.
Il est urgent de retrouver des espaces de dialogue enracinés dans le respect et la bienveillance.
Dans la vie sociale marquée d’incertitude et d’inquiétude, le chacun-pour-soi l’emporte souvent sur le vivre-ensemble, fondé sur cette fausse croyance que je m’en sortirai mieux tout seul ou sur l’indifférence vis-à-vis de l’autre et l’égocentrisme. Le fossé toujours plus profond entre les riches et les pauvres… Les guerres entre les peuples… La désespérance sur la probité des autorités et le doute sur leur volonté de privilégier le bien commun… Tout cela nous conduit parfois à nous désengager, à nous renfermer dans nos bulles protectrices, à des attitudes de sauve-qui-peut qui ignorent un monde qui se délite.
Pourtant, l’histoire de l’humanité le prouve, la solidarité qui se serre les coudes est la seule arme efficace pour faire face aux crises.
Il est urgent de reconstruire une conscience commune, une écologie des relations, une concertation et une collaboration : elles seules donnent une chance à l’avenir de l’humanité.
Nous sommes témoins de débats télévisés entre des politiques à la télévision ou à la radio. Souvent, ces débats ressemblent plutôt à des combats : chacun veut imposer sa vérité sans écouter l’autre. Chacun veut avoir raison et prouver à l’autre qu’il a tort. Tout ce qui vient d’un autre parti est d’avance rejeté.
Pourtant la diversité de points de vue est une ressource de complémentarité.
Il est urgent de créer les conditions de l’écoute et de la négociation entre des personnes et des groupes qui ont des points de vue différents
Dans nos familles, dans nos associations, dans nos Eglises et communautés religieuses et dans tant d’autres groupements, les affects s’entrechoquent parfois, les paroles deviennent blessantes, les silences sont pesants, les méfiances détruisent la confiance, les ruminations et les rancœurs pourrissent le climat, les prises de pouvoir illégitimes conduisent à des ruptures ou à des rejets…
Pourtant nos sensibilités différentes pourraient construire l’amour et l’amitié, et dans les communautés chrétiennes, la communion fraternelle est l’un des premiers signes de la présence du Christ au cœur du monde.
Il est urgent de réapprendre à s’écouter, à se parler, à négocier dans le respect et la sincérité. Il est urgent de sortir des jugements sur l’autre pour dire avec sincérité nos émotions, nos besoins, nos valeurs, nos choix et accueillir ceux des autres pour reconstruire l’unité et la fraternité.
DES ESPACES DE DIALOGUE EXISTENT
Dans la vie politique, le dialogue est inscrit dans la Constitution et dans la Loi : la démocratie organise le dialogue entre des personnes, des partis et des sensibilités différentes et s’engage à respecter les minorités dans la gestion du pays et dans l’élaboration de lois au service du vivre ensemble.
A condition que tous se veuillent réellement constructifs et au service du bien commun avant de chercher l’intérêt ou la puissance de leur parti.
Dans les entreprises et les Institutions, la loi organise le dialogue social entre le patronat et les salariés, par l’intermédiaire des syndicats, des représentant du personnel.
A condition que tous s’impliquent dans de vraies négociations, renonçant aux guerres de tranchée, traversant les revendications pour élaborer des propositions constructives au service du bien de tous.
Dans la vie sociale, les associations et les regroupements de citoyens cherchent à être l’interface entre les services publics et la population pour ajuster sans cesse la loi qui s’impose à tous aux spécificités locales et circonstancielles.
A condition qu’on soutienne la générosité de celles et ceux qui s’y impliquent et que tous veillent à la transparence des actions.
Dans nos familles et dans nos quartiers, des parents et des grands parents donnent beaucoup d’énergie pour leurs enfants, des proches s’impliquent souvent dans le soutien de ceux qui en ont le plus besoin, d’autres essayent d’être médiateurs au sein des conflits familiaux ou osent faire appel aux services compétents quand ils sont témoins de violence.
A condition qu’on prenne les moyens nécessaires pour pouvoir exprimer ses émotions avant qu’elles se transforment en violence, à se protéger des jugements et des ladi-lafé, à faire appel à un tiers quand les affects débordent.
Dans nos Eglises, dans nos communautés chrétiennes, nous croyons en la force de la communion fraternelle. Nous savons que, depuis le Concile Vatican II, l’Eglise n’est plus une hiérarchie pyramidale, mais un peuple de baptisés, peuple de frères où tous les ministères ne sont que des services de ce peuple et de la mission de salut pour le monde.
A condition que tous puissent y être accueillis quel que soit leur statut et leurs éventuelles fautes, à condition que chacun puisse y avoir une place, un rôle et y prendre la parole « selon la diversité des dons de l’Esprit » (1 Co 12)
DES GROUPES DE PAROLES pour permettre L’ÉCHANGE ET LE DIALOGUE
Parole semée souhaite s’engager pour répondre aux urgences signalées ci-dessus :
il s’agit de proposer des espaces de parole garantis sans jugement ni ladi-lafé :
- faciliter l’échange, l’écoute, la prise de parole,
- donner la parole et la chance d’être entendu à celles et ceux qui se taisent,
- restaurer des relations où chacun peut être soi au milieu des autres,
- créer les conditions du respect, de la bienveillance, de la sincérité,
- valoriser les différences de points de vue comme ressources complémentaires
Marc THOMAS
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