Vent de Pentecôte
1. SOUFFLE LE VENT
« Quand arriva la Pentecôte, ils se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain, il vint du ciel un bruit pareil à celui d'un violent coup de VENT : toute la maison où ils se tenaient en fut remplie. Ils virent apparaître comme une sorte de FEU qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d'eux. Alors, ils furent tous remplis de l'Esprit Saint : ils se mirent à parler en d'autres langues, et chacun s'exprimait selon le don de l'Esprit » (Ac 2, 1-4)
Dans la Bible, l'Esprit est désigné par le mot « souffle » :
en hébreu : ruaḥ (le vent, le souffle vital : Dieu insuffle une haleine de vie dans le tas de poussière qu’il avait modelé et Adam devient un être vivant (Gn 2, 7)
en grec : pneuma (voir « pneumatique » en français : qui fonctionne à l’air comprimé)
en latin spiritus (voir en français « re-spirer », « in-spirer »…)
l'Esprit c’est le vent qui souffle avec énergie et le souffle de vie qui nous anime !
Le bateau avance, les flammes de l'incendie se propagent, les arbres plient sous la tempête, parfois les branches cassent, les feuilles s'envolent à l'automne, la poussière s'élève du chemin, l'éolienne tourne et fait monter l'eau...
Quelle force, le vent... mais qui l'a déjà vu ?
Les feuilles des arbres bruissent et se balancent, le murmure d'une brise légère caresse la peau jusqu'au rafraîchissement, le souffle mesuré ranime la flamme du foyer...
Quelle douceur, le vent... mais qui l'a a déjà vu ?
La flûte chante, la trompette sonne, les cordes vocales vibrent à toutes les notes...
Le vent n'est qu'un souffle invisible : sans nos instruments, qui entendrait la mélodie ?
Quelle harmonie le vent... mais qui l'a déjà vu ?
Dans la Bible, au livre du prophète Ezéchiel :
Le Seigneur me dit alors : « Adresse un oracle à l'esprit, prophétise, fils d'homme ! Tu vas dire à l'Esprit : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Viens des quatre vents, Esprit ! Souffle sur ces morts, et qu'ils vivent ! » Je prophétisai comme il m'en avait donné l'ordre, et l'Esprit entra en eux ; ils revinrent à la vie, et ils se dressèrent sur leurs pieds : c'était une armée immense ! (Ez 37, 9-10)
Entre le ciel et la terre, voici l'air, seul lieu de la vie. L'homme ne vit pas au delà de l'atmosphère : l'homme vit là où souffle le vent.
Nous disons de telle ou telle personne :
« Il a du souffle... Il est gonflé... Il ne manque pas d'air ! »
Quand le souffle devient parole créatrice, on dit d'un auteur ou d'un livre qu'il est inspiré.
Dans nos lieux de vie l’ambiance est-elle « irrespirable »... ou est-ce un « lieu où souffle l'Esprit » ?
Voulant faire comprendre ce que devait être le Concile qu'il venait de décider, le pape Jean XXIII provoqua un courant d'air en allant ouvrir une fenêtre ! Grand coup d'oxygène, de souffle, d'Esprit dans l'Eglise, pour le monde. Pour être fidèle au Concile, il est nécessaire de s’habituer aux courants d’air. Quel dommage quand les chrétiens cherchent à se calfeutrer !
Dans la Bible, au livre de la Genèse :
« Le Seigneur modela l'homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l'homme devint un être vivant. » (Gn 2, 7)
Respirer : un souffle fragile et vacillant, tellement automatique que nous l'oublions.
Et pourtant, ce souffle si fragile soulève la masse de notre chair et la fait vivre.
Privée de souffle, la chair se détruit ! Respirer c’est à la fois inspirer et expirer… Prendre l'air et rendre l'air...
Entre l'inspire et l'expire s’écoule le temps de la vie où l’air oxygène notre sang.
Entre le cri de la naissance - premier inspire de la création-
et le dernier souffle - dernier expire de la mort -,
entre les deux, voici le temps de l'homme.
Nous mourons à chaque expiration, nous ressuscitons à chaque inspiration.
Rendre son dernier souffle, c'est aussi pour les chrétiens entrer dans la Vie.
Dans l'Evangile de Jean, Jésus est en croix ; il dit :
« Tout est accompli... Puis, inclinant la tête, il remit l'Esprit... » (Jn 19, 30).
En passant par le dernier expire de la mort vers l'accomplissement final de la vie,
Jésus « remet l'Esprit » : il répand à nouveau le souffle créateur et vivifiant,
pour tout homme, et pour le monde.
2. ORIENTE TA VOILE
« Votre Père fait lever son soleil
sur les méchants et sur les bons,
il fait tomber la pluie
sur les justes et sur les injustes. » (Mt (, 45)
Et le même vent souffle
sur mes voisins et moi !
Comment se fait-il
que certains réussissent à décoller
et que d’autres restent plantés là ?
Pour faire avancer le bateau ou la planche à voile,
le souffle du vent est nécessaire mais insuffisant
car tout dépend de la manière dont j’oriente ma voile !
Le Dieu auquel nous croyons ne nous sauvera pas sans notre collaboration :
sans notre voile, son souffle ne fait que planer !
C’est parfois difficile d’orienter sa voile !
Tous ceux qui ont fait de la planche à voile savent la difficulté
de tenir debout, en équilibre instable sur une planche ballottée par les vagues !
Saisir la voile à la force des bras
trop faiblement la voile reste à l’horizontale
trop fort, je risque de basculer de l’autre côté,
tenter d'orienter cette voile au souffle du vent
en ajustant sans cesse ma force à la force du vent et à sa direction
et au clapotis des vagues ou à la houle.
L'apprentissage peut être long,
il passe par les chutes, le surplace et le déséquilibre...
Il nécessite notre patience, notre confiance à y arriver, notre persévérance…
Nos vies sont comme une planche instable :
comment trouver son équilibre quand tout semble incertain,
quand nous traversons la bourrasque ou le calme plat,
quand notre énergie est en dent de scie,
quand manquent les points d'ancrage,
quand tout semble reposer sur un magma instable ?
Nous sommes nés avec nos voiles :
petites ou grandes, fragiles ou solides, inutile d’en rêver d'autres.
Apprendre à les connaître et à les tenir avec leurs qualités et leurs limites,
sachant les adapter aux conditions environnantes.
Sans le vent, nos voiles ne sont que des chiffons informes.
Chercher ce vent qui vient d'ailleurs,
l’accueillir tel qu'il est, caressant ou décoiffant !
Petit à petit, à force de patience et d'essais,
le vent gonfle la voile bien orientée, et le véliplanchiste part.
Sur une planche comme dans la vie,
on ne tient pas debout en restant sur place immobile.
Oser quitter l’immobilisme pour apprendre à avancer.
L’équilibre humain est toujours un équilibre instable en mouvement.
Le manque de souplesse et la rigidité se payent « cache » :
le corps se fait mal, la voile se déchire.
Reste à acquérir l'expérience pour faire jouer ensemble
la force du vent, la résistance de la voile et la souplesse du corps.
Apprendre à tirer des bords et accepter parfois les détours
pour choisir le meilleur vent, augmenter la vitesse et garder le cap.
Consentir au calme plat et aux tempêtes : c’est le vent qui commande !
à l’homme d’adapter sa force et sa voile à la force du souffle.
Chacune des forces donne le meilleur quand elle s’ajuste aux autres.
Si l'une fait cavalier seul, la solidarité est rompue et la chute inéluctable.
Sur la planche comme dans la vie,
la seule force des poignets conduit à la chute ou à la violence.
Pour être « dans le vent », dans tous les sens du terme,
il est toujours nécessaire de s’ajuster, de s’adapter,
d’allier nos forces à celles des autres et de l’environnement,
de trouver l’équilibre au milieu des forces contraires.
Se protéger dans les bourrasques, partager notre énergie pour équilibrer les forces.
Devenir moteur ou équipier selon les circonstances, pour avancer ensemble…
Au Commencement, Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux. (Gn 1, 1-2)
« Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. » (Jn 3, 8)
Marc THOMAS - Juillet 2017 6 revisité Pentecôte 2021
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